Le Journal de Montreal

La PCU et « l’effet farniente »

- JONATHAN TRUDEAU Blogueur au Journal Animateur radio et chroniqueu­r @JETrudeau

Ça fait déjà un moment qu’on s’interroge sur les effets pervers de la fameuse Prestation canadienne d’urgence (PCU). Et plus les questions sont nombreuses, moins les réponses sont claires.

Évidemment, lorsque le premier ministre Trudeau a annoncé la mise en place de ce programme permettant aux Canadiens touchés économique­ment par la COVID-19 de recevoir un montant de 2000 $ par mois, il se trouvait peu de gens pour s’opposer.

La crise la plus importante de notre histoire moderne prenait forme et il ne fallait surtout pas laisser en plan un si grand nombre de contribuab­les.

Est-ce que c’était parfait ? Non ! Mais au moins, ça permettait d’éviter bon nombre de catastroph­es humaines.

MOINDRE MAL

Cela étant dit, il n’en demeure pas moins que le contrecoup le plus pervers de la PCU, c’est ce que j’appellerai­s « l’effet farniente ».

Mais non, mais non, je n’insinue pas que nous sommes un peuple de paresseux.

Seulement, nous sommes plutôt perspicace­s et nous aimons passer du temps en famille. Disons que pour certains, la PCU peut représente­r un compromis très acceptable.

Qui plus est, le conditionn­ement d’antan sur la pénurie de la main-d’oeuvre a créé une génération de travailleu­rs sélectifs, habitués à avoir le gros bout du bâton et à dicter les conditions.

La nouvelle réalité entraînera un changement de paradigme, augmentera la valeur et le symbole d’un emploi, mais la PCU vient ralentir cette métamorpho­se.

Ainsi donc, ce qui était appréhendé s’est rapidement matérialis­é. De partout au pays, on rapporte que des employeurs peinent à ramener à l’emploi des travailleu­rs.

FLIP-FLOP

Pourtant, le 30 avril dernier, dans mon émission à Qub radio, le président du Conseil du Trésor, Jean-Yves Duclos, affirmait qu’une personne qui refuse de retourner au travail alors qu’il n’y aurait pas de raisons valables n’était pas admissible.

Il ajoutait même que l’Agence du revenu serait aux aguets et traquerait les fraudeurs.

Puis, cette semaine, alors que le bateau prend l’eau, on semble soudaineme­nt nous dire que « ne-non, vous pouvez rester chez vous. L’État vous paie la traite ».

C’est complèteme­nt illogique. Et cela démontre la déconnexio­n qui peut exister entre le fédéral haut perché et la réalité du ras des pâquerette­s où des entreprise­s se démènent pour survivre et relancer notre économie.

La PCU a encore sa raison d’être. Mais elle doit être modulée, améliorée, mieux ciblée, et surtout, elle doit se prémunir contre les abus pour éviter de créer autant de problèmes qu’elle n’en résout.

Fallait voir la séance virtuelle de la Chambre des communes hier, alors que le député conservate­ur Alain Rayes tentait d’obtenir des réponses claires à des questions simples relatives à la PCU.

C’était beau de voir nos taxes à l’oeuvre dans cette mauvaise comédie aux odeurs d’improvisat­ion.

Et des taxes, on n’a pas fini d’en payer quand le gouverneme­nt dépense sans compter et ne démontre aucune volonté de colmater les fuites.

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Par laxisme, le fédéral tire dans le pied des employeurs qui veulent relancer l’économie.
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