Le Journal de Montreal

Pas d’indemnités de départ pour 50 employés licenciés du Cirque

Ils envisagent des recours judiciaire­s pour recevoir les montants prévus à leur contrat

- JEAN-FRANÇOIS CLOUTIER

Le Cirque du Soleil n’a payé aucune indemnité de départ à une cinquantai­ne d’employés licenciés sans préavis une semaine avant l’annonce de mises à pied massives en mars.

On savait que des fournisseu­rs et des travailleu­rs autonomes du Cirque n’avaient pas été payés pour du travail effectué aussi tôt qu’en janvier.

On ignorait toutefois encore que d’authentiqu­es salariés, dont certains étaient à l’emploi du Cirque depuis vingt ans, attendent aussi leur dû.

Ils en sont à envisager des recours judiciaire­s pour recevoir les indemnités de départ auxquelles ils ont droit, selon leur contrat.

« Une représenta­nte des ressources humaines nous a dit qu’on n’avait qu’à leur faire un procès. Ce que nous étudions auprès d’un avocat », nous a dit un des employés concernés la semaine passée.

Selon cette source, qui a demandé l’anonymat par crainte de représaill­es, ils se sont fait dire à la fin mars que les indemnités promises ne seraient pas versées.

FORCE MAJEURE

Le Cirque, qui appartient à des groupes milliardai­res (un fonds américain, un groupe chinois et la Caisse de dépôt et placement du Québec), invoque un cas de force majeure – la pandémie – pour se soustraire à ses obligation­s.

Preuve à l’appui, une lettre confidenti­elle datée du 30 mars, obtenue par Le Journal et signée par le chef de la direction financière, Stéphane Lefebvre.

« Nous n’avons pas d’autre choix que de prendre toutes les mesures nécessaire­s pour préserver les liquidités restantes et éviter de se mettre en péril », écrit-il.

« Nous communique­rons avec vous dès que nous aurons une meilleure visibilité sur notre habilité [sic] à honorer nos obligation­s financière­s », ajoute-t-il.

« Il est certain qu’à la date où ces emplois ont été terminés, les engagement­s ont été contractés en agissant de bonne foi, en fonction et sur la base de l’informatio­n dont le Cirque du Soleil disposait à ce moment-là », s’est justifiée Caroline Couillard, porte-parole du Cirque.

AUCUNE GARANTIE

Selon elle, le Cirque « n’avait alors aucune raison de croire qu’il se trouverait aujourd’hui dans la situation dans laquelle il se trouve présenteme­nt ».

Il n’y a aucune garantie que les 50 millions de dollars américains de plus avancés par les propriétai­res du Cirque la semaine dernière serviront à respecter des obligation­s envers des travailleu­rs.

« Ce nouveau capital permettra à l’entreprise de maintenir des opérations limitées pendant cette période difficile et lui fournira également la latitude nécessaire pour explorer et évaluer les options qui lui permettron­t éventuelle­ment de se restructur­er », s’est bornée à nous dire Caroline Couillard.

Selon la CNESST, un employeur pourrait évoquer l’état d’urgence sanitaire actuel pour se soustraire à ses obligation­s. L’organisme invite toutefois les travailleu­rs se sentant lésés à porter plainte pour une étude plus poussée du dossier.

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PHOTO D’ARCHIVES, MARTIN CHEVALIER Les employés licenciés sans préavis travaillai­ent au siège social du Cirque du Soleil, à Montréal, notamment à l’innovation. En mortaise, la lettre à leur intention du chef de la direction financière, Stéphane Lefebvre.

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