Le Journal de Montreal

LA MLS EN FLORIDE ?

La ligue analyse plusieurs avenues pour finir la saison, dont celle de réunir toutes les équipes à Orlando

- Dave Lévesque DLevesqueJ­DM Régis Lévesque bientôt aux soins palliatifs dave.levesque @quebecorme­dia.com

La Bundesliga, en Allemagne, s’apprête à devenir la première ligue d’importance à présenter de nouveau des matchs après que la vague de COVID-19 ait déferlé sur l’Europe, mais qu’en est-il de la Major League Soccer ?

Il semble encore loin le jour où les équipes du circuit Garber recommence­ront à en découdre sur les terrains.

L’entraîneme­nt individuel est permis depuis une semaine, mais on est bien loin des séances en équipe quand on sait qu’une dizaine de formations sur 26, dont l’Impact, n’ont pas encore rouvert les portes de leurs installati­ons, en attente de l’approbatio­n des autorités locales.

La MLS doit trouver une façon de sauver cette saison même si elle doit le faire derrière des portes closes, alors qu’une part importante des revenus des équipes provient des recettes liées aux matchs.

Quelques idées ont commencé à circuler, et parmi celles-ci il y en a une qui semble gagner du terrain et qui ressemble à une option qu’évalue aussi la NBA. Selon ce que rapporte le Washington

Post, la MLS aurait proposé aux 26 clubs de se regrouper à Orlando, en Floride, pour y disputer un mini-tournoi à huis clos au ESPN Wide World of Sport Complex, qui appartient à Disney, et les matchs compteraie­nt au classement. Une idée qu’étudierait aussi le circuit de basketball.

QUARANTAIN­E

Les joueurs, les entraîneur­s et le personnel d’encadremen­t vivraient en quarantain­e dans un des grands hôtels appartenan­t à Disney et tout le monde serait testé pour la COVID-19 sur une base régulière.

On peut imaginer que ce ne sont pas tous les joueurs qui seront chauds à cette idée puisqu’ils ne pourraient évidemment pas être accompagné­s de leur famille en Floride.

Cette situation serait loin d’être idéale pour tout le monde, mais d’un point de vue sportif et organisati­onnel, elle tombe sous le sens puisque le site de Disney offre tous les services nécessaire­s pour que les équipes évoluent en vase clos.

Dans les bureaux de la ligue, on se prépare à une reprise éventuelle des activités. Officielle­ment, le moratoire sur l’entraîneme­nt en équipe doit se terminer vendredi.

Les activités de la ligue ont été suspendues le 12 mars après seulement deux semaines de compétitio­n. Pour le moment, les matchs sont suspendus jusqu’au 8 juin, mais de façon réaliste, il faut regarder un horizon plus lointain.

Dès le début, le commissair­e, Don Garber, a insisté sur le fait que son circuit était en mesure de disputer une saison complète de 34 parties puisque sa saison se termine désormais un mois plus tôt que par le passé.

Mais depuis un mois, le discours a changé et il parle plutôt de jouer le plus de matchs possible.

D’AUTRES OPTIONS

Voilà pourquoi la ligue analyse diverses possibilit­és qui lui permettrai­ent de faire jouer plusieurs rencontres en peu de temps à toutes les équipes, en attendant que tout le monde puisse retourner évoluer à la maison.

La MLS considère aussi d’autres options, comme celle de choisir un certain nombre de villes où les équipes s’installera­ient pour s’entraîner et disputer des matchs.

On n’écarte pas non plus la possibilit­é d’adopter une formule de tournoi un peu similaire à celle de la Coupe du monde, histoire de sauver la saison.

Ce scénario deviendrai­t intéressan­t si la ligue ne devait pouvoir reprendre ses activités qu’en septembre. Elle disposerai­t alors d’environ deux mois pour organiser un événement qui servirait de campagne.

LA FINALE EN 2021 ?

La ligue considère même la possibilit­é d’avoir une saison écourtée au cours de l’automne et du début de l’hiver et de présenter la Coupe MLS dans une ville du sud des États-Unis, au début de 2021.

Tout ça se déroule au moment même où la MLS et l’Associatio­n des joueurs sont en discussion pour trouver un terrain d’entente sur d’éventuelle­s coupes salariales. Il était question d’une réduction de 20 %.

Dire qu’en février, les deux entités en étaient venues à une entente de principe sur une nouvelle convention collective fort intéressan­te pour les deux parties. Celle-ci n’a toujours pas été ratifiée.

Régis Lévesque parle lentement. On sent qu’il réfléchit pour dire ce qu’il pense avec le moins de mots possible. Son cancer de la langue lui laisse un peu de répit certains moments, mais Régis sait bien qu’il vit ses derniers mois.

Il est couché dans une chambre de l’hôpital Marie-Clarac, à Montréal.

« Les journées sont longues, c’est épouvantab­le. Tabarnak, j’entends voler les mouches, pis les maringouin­s. J’ai pas de télévision, j’ai rien. Au moins, je dors la moitié des journées, le temps passe plus vite. Je viendrais fou, tabarnak », murmure-til dans le téléphone.

Ces « tabarnak » font partie de la légende de Régis Lévesque. Ce n’est pas lui manquer de respect d’en garder quelques-uns dans un texte, c’est aider à tracer un portrait affectueux d’un homme au grand coeur.

Régis, le grand promoteur de boxe, le légendaire Régis, l’amant des chevaux et malheureus­ement de Blue Bonnets, l’inspiratio­n et l’ami de Michel Beaudry, Régis Lévesque attend d’être transféré aux soins palliatifs pour le dernier droit d’une vie pas comme les autres. NE PAS FAIRE PITIÉ

« Dans deux ou trois semaines, y vont me transférer aux soins palliatifs. J’vas toujours ben en fumer une couple, tabarnak ! Ça fait trois mois que j’ai pas fumé une cigarette, c’est

toffe, c’est pas disable », lance-t-il avec un reste de couleur à la Régis.

L’homme de 84 ans ne veut pas qu’on le prenne en pitié. Quand j’ai jasé avec son fils Daniel la veille, c’était clair. J’allais appeler Régis pour prendre de ses nouvelles et c’est lui qui déciderait s’il voulait un dernier article d’une collection épaisse comme une bibliothèq­ue.

Il était content de jaser d’autres choses que de maladie, de cancer et de mort.

Bien sûr, à un moment donné, on a parlé de ses trois enfants, Daniel, Josée et Annie. C’est ce dont il est le plus fier avant le grand voyage.

« Daniel m’a surpris. Je pensais pas qu’il tournerait aussi bien. Il a une belle maison, pas un château, mais un beau bungalow à Coaticook, une belle femme et de beaux enfants. Y est dans la soixantain­e, pis il est retiré. À toutes les fois qu’il vient à Montréal, il passe me voir une heure ou deux. J’aime ça. »

« La plus jeune, Annie [qui travaille dans le milieu de la santé], c’est une spéciale. Elle visite 22 patients à la maison chaque jour, elle est toujours de bonne humeur, pis elle s’occupe de moi. Josée vit en Équateur, pis avant elle était au Costa Rica pendant 12 ans. Son mari bâtit des maisons qu’il revend une par une. Ils sont ben heureux », m’a-t-il chuchoté.

Vous comprendre­z que j’ai regroupé des bribes d’infos que Régis me donnait au fur et à mesure que les souvenirs et les mots lui revenaient. Mais vous avez l’essentiel pour ses enfants dont il est très fier.

SON GRAND AMOUR

Dans le dédale des bouts de phrases, c’est son amour inconditio­nnel des chevaux qui sert de fil conducteur.

« Pas des chevaux de course, les chevaux d’équitation », précise-t-il.

À un moment donné, il en possédait 26 chez lui à Trois-Rivières. Il les louait les week-ends. Aujourd’hui, dit-il, à 25 $ de l’heure, il gagnerait une petite fortune.

« J’avais un pinto trois couleurs, y’était tellement beau. C’était mon favori », se rappelle-t-il.

La vie était belle et bonne. Il y avait la boxe. Les plus vieux n’ont pas oublié Régis Lévesque. Le roi des promoteurs. Son verbe, ses extravagan­ces, son art de « promoter » pas comme les autres. Eddie Melo, Fernand Marcotte, Jean-Claude Leclair, Dave Hilton, des boxeurs qu’il a aimés comme ses enfants.

« Moi, en tous les cas, j’ai jamais fourré mes boxeurs comme d’autres. J’essayais de faire un peu d’argent, pis y passaient avant moi. C’est quand j’ai commencé à jouer à Blue Bonnets que mes affaires ont dérapé. Je faisais 2000 ou 3000 $ pour un gala, des fois 5000 $, mais fallait que j’aille payer mon 3000 $ de compte à Blue Bonnets. Rendu au guichet, je perdais ce qui me restait et fallait tout recommence­r. »

Ce qui ne l’a pas empêché de réussir des coups fumants. Les boxeurs qui ont fait sa gloire sont restés dans sa vie. Dave Hilton, Eddie Melo, Robert Cléroux l’ont aidé quand ils en avaient la chance. Et ses vieux amis l’ont accompagné tout au long de sa vie. Le barbier Ménick en tête.

LE COMBAT FRAZIER-CLÉROUX

Ce n’est qu’un incident dans une longue vie. À un moment donné, il a misé ce qui lui restait pour organiser un combat entre Joe Frazier et Robert Cléroux. Le Boeuf de Chomedey avait 46 ans à l’époque. Les chroniqueu­rs, moi le premier, ont tout fait pour empêcher ce projet. C’était fou. À la fin, Régis était prêt à organiser le combat dans un 747 volant à 200 ki

lomètres des rives du Québec. Dans une zone internatio­nale.

Je lui ai dit hier qu’on avait peut-être été trop émotifs. Après tout, quelques années plus tard, George Foreman est devenu champion du monde à 45 ans. Il n’a pas beaucoup réagi.

« Y a des affaires qui sont vagues dans ma mémoire, faudrait en parler à mon gars Daniel », a-t-il murmuré.

LE TEMPLE DE LA RENOMMÉE

On a jasé. Jasé au rythme de Régis. Lui, l’ancien moulin à paroles, est obligé de prendre son temps. On a jasé du dernier grand rêve de Régis. Son intronisat­ion au Temple de la renommée de la boxe à New York.

« Je le sais que je suis mal amanché. Y me reste pas grand temps. Pensestu que ça va arriver de mon vivant ? » m’a-t-il demandé.

C’est le matchmaker américain Don Majeski qui pilote la candidatur­e. C’est Camille Estephan qui a signé la lettre de recommanda­tion. Hier, Ed Brophy, le président de l’Internatio­nal Boxing Hall of Fame, avait une bonne et une mauvaise nouvelle pour Régis.

La bonne, c’est que Régis Lévesque va être intronisé au Hall of Fame.

La moins bonne nouvelle, c’est qu’à cause de la COVID-19 qui fait des ravages abominable­s à New York, la cérémonie de cet été pour la cuvée 2020 a été retardée à août 2021.

« On va procéder aux intronisat­ions pour les deux années en août 2021 », a expliqué Majeski.

Je vais l’annoncer à Régis ce matin. Je vais lui dire autre chose aussi. Régis Lévesque va partir pour le grand voyage et il n’aura pas un seul ennemi qui va s’en réjouir.

C’est déjà un haut fait d’armes. Personne ne peut haïr Régis.

Tabarnak !!!

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PHOTO COURTOISIE, WHITECAPS FC Maxime Crépeau, gardien des Whitecaps de Vancouver, s’est présenté au complexe sportif de l’équipe hier pour s’entraîner en solo. À son arrivée, on lui a pris sa températur­e et il portait un masque.
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PHOTOS COURTOISIE 1. Régis Lévesque entouré de son fils Daniel, d’une de ses filles Annie et d’un petit-fils Eloyk lors du lancement de sa biographie en 2016. 2. Sa dernière cigarette avant d’entrer à l’hôpital il y a quelques semaines. 3. Dans son lit d’hôpital. 4. Le promoteur en compagnie de plusieurs anciens boxeurs, dont Eddie Melo (1er à gauche en haut), Fernand Marcotte (4e), Donato Paduano (7e), Gaétan Hart (8e) et Robert Cléroux (9e). 5. M. Lévesque avec ses enfants Annie, Josée et Daniel il y a une vingtaine d’années. 6. Sa fille Josée habite en Équateur avec son conjoint Éric et son fils Ali. 7. Régis Lévesque et sa fille Annie.
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