Accueillis en héros à Montréal
Trois infirmiers de Québec n’ont pas hésité un instant avant de plonger dans la zone chaude de la métropole
Accueillis à bras ouverts, parfois en héros ou même avec des larmes de joie, des travailleurs de la santé en région venus prêter main-forte à Montréal ont pu constater à quel point la situation y était critique.
« Quand je suis arrivé, il y a trois semaines, j’ai pu voir comment les employés étaient épuisés. Il y en a même une qui a pleuré d’émotion en voyant que des renforts arrivaient », explique Paterne Irakoze.
Infirmier clinicien, M. Irakoze travaillait à l’Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec, où la pandémie était contrôlée. Alors quand il a vu que Montréal devenait un épicentre de la COVID-19, il s’est dit qu’il devait aller aider.
« C’était avant qu’on parle de prime [allant jusqu’à 1000 $ par mois], expliquet-il. Ce qui m’a poussé à venir, c’était mon sens du devoir et de vouloir faire une différence. Je suis venu avec mon coeur. »
Cette volonté d’aider, Marilou Pellerin et Marie-Ève Leblanc, deux infirmières de Québec, l’ont elles aussi eu en même temps que Paterne Irakoze, si bien qu’elles ne se sont pas fait prier pour offrir leurs bras dans la métropole.
SE SERRER LES COUDES
« Je travaillais dans un département de chirurgie qui roulait au ralenti, j’entendais des histoires du personnel essoufflé à Montréal, alors je me suis dit que je serais plus utile là », affirme Mme Leblanc, qui commence sa carrière en pleine pandémie.
Mme Pellerin ajoute que, tout comme ses collègues, elle n’avait pas peur du coronavirus. En fait, dit-elle, sa plus grande frayeur a été… quand elle s’est perdue en voiture dans les rues de Montréal à son arrivée.
Les trois infirmiers se sont mis au service du Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux (CIUSSS) de l’Est-de-l’Île-de-Montréal, principalement dans des CHSLD. Ils ont été accueillis à bras ouverts, tant par le personnel que par les résidents, expliquent-ils.
« Ça manquait de bras, le personnel était essoufflé, alors tout le monde était heureux de nous voir, explique Mme Leblanc. On se serre les coudes. »
PERSONNEL RECHERCHÉ
Et comme ils ont tous une formation en prévention et en contrôle des infections, ils ont pu aider à former d’autres personnes qui sont venues aider. C’est d’ailleurs M. Irakaze qui a formé 25 militaires en renfort au CHSLD Éloria-Lepage.
Mais même si 123 travailleurs de la santé sont venus des régions du Québec aider au CIUSSS de l’Est-de-l’Île-deMontréal, dont des préposés aux bénéficiaires, des infirmières et des inhalothérapeutes, le besoin se fait encore sentir, explique la chef de secteur de ce CIUSSS, Isabelle Tremblay.
« Les renforts ont fait du bien, mais on a du personnel qui tombe au combat, rappelle-t-elle. La situation s’améliore dans certains CHSLD, on garde le moral en se réjouissant de petites victoires, comme quand un patient guérit de la COVID-19 ou quand on reçoit du matériel. »
Car même si la situation semble s’améliorer, Mme Tremblay reconnaît que « ce n’est pas une période facile » et que toute aide est la bienvenue.
Ceux qui veulent contribuer à combattre la pandémie avec le CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal peuvent s’inscrire sur passezalest.org
« [À Québec], c’était contrôlé et on savait qu’il y avait des besoins à Montréal, alors avec des collègues, on s’est dit qu’on allait aider. »
MARILOU PELLERIN QUÉBEC
« Ma crainte est plus de transmettre la maladie que de l’attraper. C’est dur d’être loin de sa famille, mais tout le monde est dans la même situation. »
MARIE-ÈVE LEBLANC QUÉBEC
« Venir à Montréal, c’est une nouvelle expérience et j’en sortirai grandi en tant qu’infirmier. »
PATERNE IRAKOZE QUÉBEC