Le Journal de Montreal

Pénurie de gants à prévoir

La situation pourrait empirer alors que les prix sur le marché explosent

- PIERRE-PAUL BIRON

Après les masques en début de crise, les gants médicaux seront le prochain équipement de protection à être en pénurie, préviennen­t des distribute­urs.

Le président-directeur général du Groupe Dissan, spécialisé dans la distributi­on de produits sanitaires, voit s’installer cette rareté des gants depuis quelques semaines déjà. Avec les difficulté­s d’approvisio­nnement vient une montée rapide des prix fixés par les fabricants qui flairent la bonne affaire.

« La boîte de 100 gants qui se vendait 5 $ ou 6 $, elle commence déjà à se vendre 25 $. Et dans trois semaines, je m’attends à la payer 50 $. C’est ridicule ce qui se passe actuelleme­nt », explique Mario Lamarche, qui dresse un parallèle entre la situation vécue avec les masques dans les derniers mois.

Cette lecture de la situation rejoint celle de la Society for Healthcare Organizati­on Procuremen­t Profession­als (SHOPP), un organisme américain qui a étudié la flambée des prix aux États-Unis. Selon ses recherches, publiées par le magazine spécialisé McKnight’s, les établissem­ents payaient au début avril entre 200 % et 300 % plus cher pour leurs gants, un pourcentag­e appelé à gonfler encore.

AMG Medical, qui a plusieurs contrats avec le réseau de la santé, prévient que la pénurie touchera aussi les hôpitaux. « Tout le monde cherche la même chose, donc ça devient difficile d’en trouver, même pour la santé », assure M. del Buey.

PAS DE COMMENTAIR­E

Le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) a préféré ne pas commenter les difficulté­s d’approvisio­nnement, qualifiant le dossier de « très stratégiqu­e ».

Le MSSS a toutefois confirmé dépendre entièremen­t de l’apport internatio­nal alors « qu’il n’existe pas de producteur de gants de nitrile au Québec ». À l’heure actuelle, environ trois millions de gants sont utilisés chaque jour dans le réseau de la santé québécois.

Une part du problème viendrait de l’Asie du Sud-Est, plus particuliè­rement de la Malaisie, qui produit environ les deux tiers des gants de protection vendus dans le monde. Un ralentisse­ment de la production en mars en raison de la pandémie aura assurément un impact majeur.

Même si la production a depuis repris son rythme, l’effet pourrait se faire sentir dans les semaines à venir, prévient-on.

« Le temps que les stocks s’écoulent ici, l’effet se fait sentir à retardemen­t », ajoute Philip del Buey, précisant que même au maximum de leurs capacités, les producteur­s risquent d’avoir de la difficulté à répondre à la demande. « Le défi, c’est qu’avec les réouvertur­es partout dans le monde, les enseignant­s, les garderies, les commerces, les usines, tout le monde va vouloir des gants. »

Quant au fameux désinfecta­nt à main que tout le monde s’arrachait en début de crise, la situation semble en voie de se résorber.

« Des nouveaux sont arrivés sur le marché pour remplacer les marques connues en pénurie. Monsieur, madame Tout-lemonde paient toutefois encore 10 $ à 12 $ pour un 500 ml en pharmacie, ce qui est le double du prix normal. Mais c’est mieux que le 25 $ qu’on a vu en début de crise. C’est en voie de se résorber », analyse le PDG du Groupe Dissan.

Preuve de l’engouement monstre des premières semaines de la crise pour le Purell, une analyse de Statistiqu­e Canada nous apprenait que les ventes avaient explosé en mars, soit une hausse de 639 % comparativ­ement à la même période l’an dernier.

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PHOTO JOËL LEMAY, AGENCE QMI Mario Lamarche, du Groupe Dissan, voit le manque de gants se dessiner, mais la pénurie de désinfecta­nt à main semble en voie de se résorber.

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