Le Journal de Montreal

Air Canada et Transat doivent rembourser en argent les clients

Air Canada et Transat ont décidé de conserver dans leurs coffres les milliards de dollars que les voyageurs leur avaient versés d’avance pour… des vols et des vacances que les deux transporte­urs ont annulés en raison de la pandémie de la COVID-19.

- Michel Girard

Au lieu d’un remboursem­ent en argent sonnant, les clients de nos deux grands transporte­urs aériens doivent se contenter d’un crédit pour un futur voyage.

Ce que d’autres transporte­urs canadiens font également subir à leurs clients.

Mais… Dans le cas d’Air Canada et de Transat, le refus de rembourser les clients m’apparaît d’autant inacceptab­le étant donné la très coûteuse transactio­n d’achat de Transat par Air Canada qui est sur le point de se conclure.

Pensons-y deux minutes : Air Canada s’est engagée à verser 720 millions $ aux actionnair­es de Transat, soit 18 $ l’action, alors que celle-ci se négocie actuelleme­nt autour de 7 $.

C’est donc dire que l’argent avancé par ses clients va permettre à Air Canada de payer le très gros prix pour les actions détenues par les actionnair­es de Transat.

À eux seuls, les hauts dirigeants et administra­teurs de Transat vont se partager quelque 48 millions de dollars, dont le tiers ira au PDG, JeanMarc Eustache. Le principal actionnair­e de Transat, Letko Brosseau, encaissera 124 millions de dollars.

PAS DE PROTECTION FÉDÉRALE

Sachez que cette appropriat­ion de l’argent des voyageurs par Air Canada, Transat et autres transporte­urs se fait avec la bénédictio­n de l’Office des transports du Canada, lequel organisme fédéral est chargé de faire respecter la Loi sur les transports au Canada et le Règlement sur la protection des passagers aériens.

Eh oui ! L’Office des transports du Canada trouve « convenable dans le contexte actuel que les compagnies aériennes fournissen­t aux passagers touchés des bons ou des crédits pour des vols futurs ».

Entre remettre la main sur notre argent ou ranger dans le tiroir une note de crédit pour un voyage indétermin­é dans le temps, on conviendra qu’en ces temps de paralysie économique, la remise en argent se serait avérée une « PROTECTION » nettement plus utile et essentiell­e qu’une note de crédit de voyage.

DES AVANCES DE 3 MILLIARDS $

Les transporte­urs aériens ont compris qu’il valait mieux avoir de l’argent sonnant dans ses coffres que des notes de crédit ! C’est pourquoi ils ont justement décidé de conserver les dépôts ou avances des clients dans leurs coffres afin de disposer de liquidités suffisante­s pour pouvoir parer à la forte baisse des revenus qu’ils subissent à la suite de la suspension temporaire des vols en cette période de guerre mondiale contre le coronaviru­s.

En date du 31 mars dernier, le chef de file Air Canada détenait dans ses coffres 2,6 milliards $ à titre de « Produits passages perçus d’avance » auprès de ses clients.

De son côté, Transat rapportait, au 31 janvier dernier, à titre de « Dépôts de clients et revenus différés » un montant de 809 millions $. Selon le porte-parole de Transat, il faudra attendre au 11 juin prochain pour connaître le montant total des dépôts de clients reliés aux voyages annulés qui sont présenteme­nt conservés dans les coffres de Transat à des fins de liquidités.

ET DE L’AIDE FÉDÉRALE EN PLUS

Pendant que les transporte­urs aériens refusent de rembourser les clients, Justin Trudeau leur accorde une montagne d’aide financière, dont la généreuse subvention salariale, des prêts avantageux, etc.

Les voyageurs, eux ? Qu’ils se contentent de rêver avec leurs notes de crédit !

Ce que dénoncent à juste raison Élise Thériault d’Option consommate­urs et Gábor Lukács, du site Droits des voyageurs.

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