Le Journal de Montreal

Sans ses proches pour son plus grand combat

Une mère devenue tétraplégi­que doit faire sa réadaptati­on seule durant la pandémie

- CATHERINE BOUCHARD

Une jeune mère de famille, devenue tétraplégi­que lors d’un bête accident survenu le jour de Noël, doit faire sa réadaptati­on séparée de sa fille et de son conjoint qu’elle n’a pas vus depuis deux mois en raison de la pandémie.

« C’est un vrai cauchemar. C’était quoi les chances que, dans ma vie, j’aie un accident qui me coûte l’usage de mes jambes, que j’entre en réadaptati­on [...] et que je sois pognée ici », laisse tomber Sarah Pépin en entrevue téléphoniq­ue de sa chambre de l’Institut de réadaptati­on en déficience physique de Québec (IRDPQ). Les visites y sont proscrites durant la pandémie.

La femme de 32 ans de Québec a perdu l’usage de ses jambes dans un accident de glissade, alors qu’elle se trouvait dans la famille de son conjoint avec sa fille et les enfants de ce dernier à Saint-Malachie, dans Bellechass­e.

Comme la résidence se trouve tout près de la station de ski le Massif du Sud, la famille décide d’aller glisser dans les pentes pour s’amuser. Le destin a voulu que la mère percute une poutre qui sert à retenir les filets protecteur­s pour les skieurs.

Mme Pépin a commencé sa réadaptati­on à l’IRDPQ en janvier dernier avec une longue pente à remonter. Au début du processus, elle avait le soutien de son conjoint et de sa fille, qui lui rendaient des visites régulièrem­ent. La pandémie l’a toutefois coupé de cette source d’énergie depuis deux mois.

« La dernière fois que j’ai vu mon chum, c’était un samedi. Je lui ai dit : “d’après moi, on ne se reverra pas bientôt.” Il est parti à 19 h, et à 20 h, il y a eu un message à l’interphone demandant aux visiteurs de quitter, explique-t-elle. Et la dernière fois que j’ai vu ma fille, c’était à deux mètres de distance. »

UN PROCESSUS PLUS DIFFICILE

Avec les perturbati­ons de la COVID-19, la réadaptati­on est plus difficile.

« C’est tellement arrivé rapidement, et il n’y a aucun manuel pour les thérapeute­s, poursuit-elle. Personne n’était prêt à vivre ça, autant eux que nous. »

« Le cheminemen­t n’est pas pareil pour moi. Je n’ai peut-être pas avancé aussi vite parce que l’énergie n’y était pas », ajoute Mme Pépin.

Les contacts avec les bénéficiai­res sont désormais très limités et les thérapeute­s doivent redoubler de prudence, lors des traitement­s.

RÊVER DE LIBERTÉ

« Tout le monde porte des masques, et on ne les voit plus sourire », s’attriste la jeune femme qui devrait sortir prochainem­ent.

Outre retrouver sa famille, la jeune femme rêve de liberté.« J’ai hâte d’apprécier ma liberté, de recommence­r à apprécier les petites choses de la vie. Tu ne peux pas payer pour une liberté, tu peux juste l’apprécier », termine-t-elle.

 ?? PHOTOS STEVENS LEBLANC ET COURTOISIE ?? Sur la photo principale, Sarah Pépin, en février dernier. Ci-haut, la dame de 32 ans sur son lit d’hôpital. À gauche, en famille, avec son conjoint Christian Goudreau, avant l’accident.
PHOTOS STEVENS LEBLANC ET COURTOISIE Sur la photo principale, Sarah Pépin, en février dernier. Ci-haut, la dame de 32 ans sur son lit d’hôpital. À gauche, en famille, avec son conjoint Christian Goudreau, avant l’accident.
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