Sans ses proches pour son plus grand combat
Une mère devenue tétraplégique doit faire sa réadaptation seule durant la pandémie
Une jeune mère de famille, devenue tétraplégique lors d’un bête accident survenu le jour de Noël, doit faire sa réadaptation séparée de sa fille et de son conjoint qu’elle n’a pas vus depuis deux mois en raison de la pandémie.
« C’est un vrai cauchemar. C’était quoi les chances que, dans ma vie, j’aie un accident qui me coûte l’usage de mes jambes, que j’entre en réadaptation [...] et que je sois pognée ici », laisse tomber Sarah Pépin en entrevue téléphonique de sa chambre de l’Institut de réadaptation en déficience physique de Québec (IRDPQ). Les visites y sont proscrites durant la pandémie.
La femme de 32 ans de Québec a perdu l’usage de ses jambes dans un accident de glissade, alors qu’elle se trouvait dans la famille de son conjoint avec sa fille et les enfants de ce dernier à Saint-Malachie, dans Bellechasse.
Comme la résidence se trouve tout près de la station de ski le Massif du Sud, la famille décide d’aller glisser dans les pentes pour s’amuser. Le destin a voulu que la mère percute une poutre qui sert à retenir les filets protecteurs pour les skieurs.
Mme Pépin a commencé sa réadaptation à l’IRDPQ en janvier dernier avec une longue pente à remonter. Au début du processus, elle avait le soutien de son conjoint et de sa fille, qui lui rendaient des visites régulièrement. La pandémie l’a toutefois coupé de cette source d’énergie depuis deux mois.
« La dernière fois que j’ai vu mon chum, c’était un samedi. Je lui ai dit : “d’après moi, on ne se reverra pas bientôt.” Il est parti à 19 h, et à 20 h, il y a eu un message à l’interphone demandant aux visiteurs de quitter, explique-t-elle. Et la dernière fois que j’ai vu ma fille, c’était à deux mètres de distance. »
UN PROCESSUS PLUS DIFFICILE
Avec les perturbations de la COVID-19, la réadaptation est plus difficile.
« C’est tellement arrivé rapidement, et il n’y a aucun manuel pour les thérapeutes, poursuit-elle. Personne n’était prêt à vivre ça, autant eux que nous. »
« Le cheminement n’est pas pareil pour moi. Je n’ai peut-être pas avancé aussi vite parce que l’énergie n’y était pas », ajoute Mme Pépin.
Les contacts avec les bénéficiaires sont désormais très limités et les thérapeutes doivent redoubler de prudence, lors des traitements.
RÊVER DE LIBERTÉ
« Tout le monde porte des masques, et on ne les voit plus sourire », s’attriste la jeune femme qui devrait sortir prochainement.
Outre retrouver sa famille, la jeune femme rêve de liberté.« J’ai hâte d’apprécier ma liberté, de recommencer à apprécier les petites choses de la vie. Tu ne peux pas payer pour une liberté, tu peux juste l’apprécier », termine-t-elle.