Le Journal de Montreal

Une île, deux villes

- EMMANUELLE LATRAVERSE Analyste politique emmanuelle.latraverse@tva.ca

C’était le 27 mars. La mairesse de Montréal déclarait l’état d’urgence. « La crise actuelle ne doit pas devenir une crise humanitair­e », avait déclaré Valérie Plante.

Deux mois plus tard, ses pires appréhensi­ons se sont confirmées. Montréal est divisée en deux. Il s’agit de prendre la carte des infections dans les 14 derniers jours et de la superposer à la carte des quartiers défavorisé­s. Le constat est frappant.

La COVID-19 est devenue le virus des pauvres. Montréal n’échappe pas à la triste réalité des grandes métropoles.

LE CHOC DES CLASSES

Les résidents des quartiers défavorisé­s n’ont tout simplement pas les moyens de se protéger. Outremont et Côte-Saint-Luc ont réussi à « aplanir la courbe », Montréal-Nord et Hochelaga-Maisonneuv­e la relancent.

Il y a donc le Montréal des maisons ou appartemen­ts spacieux, des cours arrière, des parcs et du télétravai­l. Puis il y a le Montréal de la promiscuit­é, de la précarité, du béton et des travailleu­rs essentiels.

Il y a le Montréal qui se protège, puis le Montréal qui encaisse. Le Montréal qui se commande des masques de confection en ligne, et celui qui prie pour en recevoir un gratuiteme­nt.

Ce Montréal de la classe ouvrière vient nous rappeler que nous n’avons plus le luxe d’ignorer les conditions de vie difficiles dans lesquelles vit le cheap

labour de notre société. La pandémie n’a fait qu’exacerber sa vulnérabil­ité.

Tant que ces communauté­s défavorisé­es demeurent des foyers d’infection, le reste de la société ne sera jamais à l’abri. La COVID-19 ne connaît pas de frontières. Si ce n’est pas par devoir moral, c’est par devoir économique que nous devrons les aider.

Il y a les Montréalai­s qui vivent et ceux qui survivent

UNE RELANCE PLUS ÉQUITABLE

On a beaucoup critiqué les largesses de la Prestation canadienne d’urgence, un 2000 $ par mois, vu par plusieurs comme un « désincitat­if » à l’emploi.

Il s’agit de regarder ce qui se passe au sud de la frontière pour imaginer ce qui se passerait si Ottawa n’avait pas érigé un monumental filet social. La situation à Montréal serait bien pire, tout comme à Toronto et à Vancouver.

Alors que nos gouverneme­nts réfléchiss­ent à la relance, la précarité de pans entiers de notre société ne pourra pas être ignorée.

Ces familles seront celles qui auront le plus de difficulté à se remettre des ravages des derniers mois. Elles seront ainsi les plus vulnérable­s lorsque la deuxième vague frappera inévitable­ment.

Les milliards pour le logement social qui dorment à Ottawa en attente d’une entente entre les deux capitales seraient un bon départ.

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La COVID-19 nous confronte au risque d’ignorer les inégalités qui se creusent à Montréal.
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