Le Journal de Montreal

COVID-19 et 5G : un terreau fertile pour l’extrême droite

Des groupes radicaux profitent de la pandémie pour recruter des membres

- DAPHNÉE HACKER-B.

La pandémie est un terreau fertile pour les groupes d’extrême droite qui profitent de l’incertitud­e collective pour recruter de nouveaux adeptes, s’inquiètent des experts.

« Nous avons l’habitude au Québec de nous sentir à l’abri des mouvements extrémiste­s, mais, clairement, il y a de plus en plus de gens ici qui adhèrent à ce discours radical et qui se mobilisent », lance Michelle Stewart, qui étudie les mouvements de l’extrême droite.

Elle cite en exemple les récentes manifestat­ions anti-confinemen­t.

La professeur­e au départemen­t de communicat­ion sociale et publique de l’UQAM, qui a vécu aux États-Unis presque toute sa vie, estime qu’il faut prendre au sérieux les groupuscul­es québécois qui copient les discours des leaders américains de l’extrême droite.

Au début du mois de mai, six tours cellulaire­s ont été incendiées dans la grande région de Montréal. Un couple dans la vingtaine adhérant aux théories du complot sur la 5G, selon la Sûreté du Québec, a été arrêté relativeme­nt à deux des incendies.

Ces événements prouvent ce qui est le plus néfaste de la campagne de désinforma­tion menée par l’extrême droite, souligne Michelle Stewart.

CONFUSION ET PANIQUE

« À force de semer la confusion et la panique dans l’esprit des gens, un jour ou l’autre quelqu’un va passer à l’action », dit-elle.

Bien que peu d’informatio­n sur les motivation­s des auteurs des incendies soit disponible, ces gestes s’inscrivent dans un parcours typique de radicalisa­tion menant à la violence, croit Margaux Bennardi, du Centre de prévention de la radicalisa­tion.

La pandémie a multiplié certains facteurs propices à la radicalisa­tion d’un individu, comme la perte d’emploi, le deuil, l’isolement social et l’exposition prolongée à des sources de désinforma­tion, explique Mme Bennardi.

UN TOURBILLON D’INFORMATIO­NS

L’isolement, par exemple, peut avoir comme effet de conforter les gens dans une idéologie, puisqu’ils n’échangent plus avec des individus pouvant mettre en doute leur raisonneme­nt.

Des personnes ayant à la base des craintes sincères sur la dangerosit­é des technologi­es sans-fil, ou encore des vaccins, peuvent facilement se retrouver aspirées dans un tourbillon d’informatio­ns mensongère­s, image Mme Stewart.

« Ce qui m’inquiète de cette période, c’est que ces groupes profitent des anxiétés, de l’incertitud­e et de la peur des gens normaux », dit-elle.

Le but ultime est de faire pencher l’opinion publique en leur faveur pour renverser les pouvoirs politiques en place.

« Les leaders cherchent à brouiller les sources d’informatio­n officielle­s pour qu’un maximum de citoyens perde confiance envers les médias de masse et le gouverneme­nt », ajoute-t-elle.

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MICHELLE STEWART Professeur­e à l’UQAM

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