Un mois complètement fou pour la chloroquine
Après le retrait d’une étude, les États-Unis suspendent son utilisation d’urgence
Les dernières semaines ont été fortes en rebondissements dans le dossier de la chloroquine, le retrait d’une étude a soulevé les passions et les États-Unis ont mis fin à son utilisation.
Dernier développement en lice, la Food and Drug Administration (FDA) a retiré son autorisation d’utilisation d’urgence du médicament.
Celle-ci avait été donnée en mars, alors que le président Donald Trump en faisait l’apologie. La FDA a finalement conclu lundi que la molécule présente trop de risques sans bénéfices prouvés.
Cela fait suite à un mois complètement fou marqué par un article publié le 22 mai dans la prestigieuse revue médicale britannique The Lancet.
Les auteurs de la recherche concluaient que l’hydroxychloroquine était non seulement inefficace contre la COVID-19, mais qu’elle était également dangereuse pour certains patients.
Sa publication a causé une onde de choc poussant l’Organisation mondiale de la santé à suspendre tout essai clinique sur la chloroquine et son dérivé l’hydroxychloroquine, partout sur la planète.
L’étude s’est cependant attiré les foudres des défenseurs de la molécule, dont le Pr Didier Raoult. Ne mâchant pas ses mots, il l’avait qualifiée de « foireuse ».
Après une mobilisation de la communauté scientifique, qui remettait en doute la méthodologie, trois des auteurs du papier se sont rétractés et celui-ci a finalement été retiré.
AVIS DIVERGENTS
Partout à travers le monde, les avis sur la chloroquine ont malgré tout continué de diverger.
Deux études allemandes, qui avaient été interrompues, sont sur le point de reprendre.
Même chose pour la très attendue étude européenne Discovery, qui avait fait du surplace en raison du trop faible nombre de patients enrôlés.
Au Brésil, en mai, le gouvernement a recommandé l’utilisation du médicament pour les personnes légèrement atteintes de la maladie.
En Belgique, 5000 patients ont été traités avec la molécule depuis le début de la pandémie.
L’étude britannique Recovery, effectuée sur des milliers de malades, a quant à elle été arrêtée, faute d’effet positif.
Au Québec, l’Institut national d’excellence en santé et services sociaux campe sur ses positions : il ne dispose pas des preuves scientifiques suffisantes pour recommander l’usage du médicament en dehors d’un protocole de recherche.