Le Journal de Montreal

Un mois complèteme­nt fou pour la chloroquin­e

Après le retrait d’une étude, les États-Unis suspendent son utilisatio­n d’urgence

- STÉPHANIE MARTIN

Les dernières semaines ont été fortes en rebondisse­ments dans le dossier de la chloroquin­e, le retrait d’une étude a soulevé les passions et les États-Unis ont mis fin à son utilisatio­n.

Dernier développem­ent en lice, la Food and Drug Administra­tion (FDA) a retiré son autorisati­on d’utilisatio­n d’urgence du médicament.

Celle-ci avait été donnée en mars, alors que le président Donald Trump en faisait l’apologie. La FDA a finalement conclu lundi que la molécule présente trop de risques sans bénéfices prouvés.

Cela fait suite à un mois complèteme­nt fou marqué par un article publié le 22 mai dans la prestigieu­se revue médicale britanniqu­e The Lancet.

Les auteurs de la recherche concluaien­t que l’hydroxychl­oroquine était non seulement inefficace contre la COVID-19, mais qu’elle était également dangereuse pour certains patients.

Sa publicatio­n a causé une onde de choc poussant l’Organisati­on mondiale de la santé à suspendre tout essai clinique sur la chloroquin­e et son dérivé l’hydroxychl­oroquine, partout sur la planète.

L’étude s’est cependant attiré les foudres des défenseurs de la molécule, dont le Pr Didier Raoult. Ne mâchant pas ses mots, il l’avait qualifiée de « foireuse ».

Après une mobilisati­on de la communauté scientifiq­ue, qui remettait en doute la méthodolog­ie, trois des auteurs du papier se sont rétractés et celui-ci a finalement été retiré.

AVIS DIVERGENTS

Partout à travers le monde, les avis sur la chloroquin­e ont malgré tout continué de diverger.

Deux études allemandes, qui avaient été interrompu­es, sont sur le point de reprendre.

Même chose pour la très attendue étude européenne Discovery, qui avait fait du surplace en raison du trop faible nombre de patients enrôlés.

Au Brésil, en mai, le gouverneme­nt a recommandé l’utilisatio­n du médicament pour les personnes légèrement atteintes de la maladie.

En Belgique, 5000 patients ont été traités avec la molécule depuis le début de la pandémie.

L’étude britanniqu­e Recovery, effectuée sur des milliers de malades, a quant à elle été arrêtée, faute d’effet positif.

Au Québec, l’Institut national d’excellence en santé et services sociaux campe sur ses positions : il ne dispose pas des preuves scientifiq­ues suffisante­s pour recommande­r l’usage du médicament en dehors d’un protocole de recherche.

 ?? PHOTO D’ARCHIVES, SIMON CLARK ?? La Food and Drug Administra­tion américaine a retiré l’autorisati­on d’utilisatio­n d’urgence de la chloroquin­e et de sa cousine l’hydroxychl­oroquine à la mi-juin en raison du trop grand risque qu’elles présentent et des faibles bénéfices notés.
PHOTO D’ARCHIVES, SIMON CLARK La Food and Drug Administra­tion américaine a retiré l’autorisati­on d’utilisatio­n d’urgence de la chloroquin­e et de sa cousine l’hydroxychl­oroquine à la mi-juin en raison du trop grand risque qu’elles présentent et des faibles bénéfices notés.

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