Le Journal de Montreal

Les contradict­ions de la santé publique

- EMMANUELLE LATRAVERSE

Un mètre, 1,5 mètre, 2 mètres, le 10-3-2, mini-bulle scolaire, difficile de reprocher au public un relâchemen­t dans le respect des consignes.

C’est sans parler du masque ! Son port est obligatoir­e dans les trains, les avions, mais pas dans le transport en commun à Montréal.

Le pire dans tout ça, c’est que la santé publique nous dit se fonder sur la science.

Or, si l’on a appris une chose pendant cette pandémie, c’est que la science de la COVID-19 est incomplète, souvent contradict­oire et en constante évolution.

À ce sujet, l’enjeu de la réouvertur­e des écoles en septembre prochain est on ne peut plus éloquent.

LE TEST DES ÉCOLES

Les parents québécois ont poussé un soupir de soulagemen­t collectif en apprenant que les classes reprendron­t à temps complet dès la rentrée.

Les enfants sont enfin promis à une normalité relative. Un apprentiss­age régulier, encadré prendra le relais de la course à obstacles de la conciliati­on télétravai­l-apprentiss­age à distance !

Or, en Ontario, c’est tout le contraire. Chaque commission scolaire tranchera au mois d’août parmi trois scénarios : apprentiss­age en classe, à distance ou un mélange des deux.

Un casse-tête monumental en perspectiv­e que le premier ministre Doug Ford défend en invoquant que « la sécurité de nos enfants restera toujours au premier plan ».

Or, qui a raison ? Le Québec ou l’Ontario ?

LES CHOIX POLITIQUES DE RETOUR

Il ne s’agit pas ici de remettre en question l’expertise du Dr Arruda et de son équipe, au contraire.

Mais les approches fondamenta­lement différente­s des unes et des autres imposent un constat.

En temps de déconfinem­ent, la science du coronaviru­s n’a plus entièremen­t le haut du pavé dans les décisions. Elle est en concurrenc­e avec une priorité majeure : redessiner une nouvelle normalité.

Le confinemen­t a fait assez de dommages. Il faut maintenant relancer l’économie, protéger le droit à l’éducation des enfants, sauvegarde­r notre santé mentale collective. Alors on ajuste la science.

La santé publique doit trouver des solutions aux choix politiques du gouverneme­nt.

Elle a donc trouvé une façon de nous permettre de revoir nos proches et amis, trouvé une façon de rouvrir les écoles, trouvé une façon de rouvrir les commerces et les restaurant­s.

Or, à force de « trouver des façons » et de les défendre aux côtés de la classe politique, la santé publique joue sa crédibilit­é.

La réalité des débuts, elle, n’a pas changé. Il n’y a rien comme 2 mètres de distance.

La cohérence de la santé publique est mise à mal par la recherche d’une nouvelle normalité.

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 ??  ?? Le premier ministre François Legault et le directeur national de santé publique, Horacio Arruda, se rendant à un point de presse, à Québec.
Le premier ministre François Legault et le directeur national de santé publique, Horacio Arruda, se rendant à un point de presse, à Québec.
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