Toujours hors de contrôle
Le puissant incendie au nord du lac Saint-Jean continue sa fulgurante progression
L’important incendie de forêt qui fait rage au nord du lac Saint-Jean a continué sa fulgurante progression, hier, alors que le risque d’incendie est jugé « extrême » sur la majorité du territoire québécois.
Le feu, situé dans le secteur de Chutedes-Passes, à une centaine de kilomètres au nord-est de Dolbeau-Mistassini, a vu sa superficie presque doubler en 24 heures. Hier matin, près de 60 000 hectares de forêt avaient brûlé dans une zone qui mesure environ 51 kilomètres de longueur et 16 kilomètres de largeur.
Alimenté par le temps aride, l’incendie, qui a débuté mardi, était toujours considéré comme hors de contrôle. « Lundi, on compte sur de la pluie et une augmentation des humidités relatives, qui pourraient nous aider à éviter une progression plus grande », explique Josée Poitras, agente à la prévention pour la Société de protection des forêts contre le feu (SOPFEU).
L’organisme suspecte fortement une cause qui serait d’origine humaine. « C’est un secteur de villégiature. La foudre n’était pas tombée dernièrement », fait observer Mme Poitras, qui est basée à Roberval. Hier, on pouvait y percevoir la fumée venant du nord.
PROPRIÉTAIRES INQUIETS
La zone qui brûle est située à une distance sécuritaire des lieux urbanisés, rassure la SOPFEU. Néanmoins, elle comporte plusieurs chalets et camps de pêche. Des propriétaires ont peu d’espoir de retrouver indemne leur résidence secondaire.
« [Les chalets] sont tous collés. Au printemps, chacun monte son propane et son gaz. Ce sont des bombes. Il ne peut pas vraiment y avoir d’espoir », s’inquiète Christine Durand-Duperray.
Les autorités lui avaient donné deux jours pour aller récupérer ses biens. Elle n’a pas eu le temps. L’incendie avait atteint son chalet en 24 heures.
« Tous nos souvenirs y sont passés », s’attriste-t-elle.
La situation est différente pour Frédéric Waltzing dont le chalet était aussi au coeur des flammes. Grâce à une caméra de surveillance )à laquelle il pouvait accéder à distance, il a assisté, impuissant, à la progression du feu autour de son chalet familial. Les images montrent une forêt d’arbres à proximité se faire avaler par des flammes puissantes, tandis que des tisons volent dans les airs.
Fait remarquable, le bâtiment, qui était inoccupé, semble avoir été largement épargné par le feu. M. Waltzing, un ancien pompier pour la SOPFEU, raconte que l’édifice répondait à toutes les normes visant à le prémunir contre ce type d’événement. Il était par exemple encerclé par un sol minéral, et comportait un toit de tôle, a expliqué celui qui se désole de voir tous ces magnifiques paysages être détruits.
« Avant que ça redevienne en état, je ne sais pas combien d’années ça va prendre », dit-il.
En après-midi, la frontière sud du feu était à un kilomètre des installations d’Hydro-Québec à la centrale Péribonka. La SOPFEU a mentionné que la protection de cette installation était une « priorité ».
Jusqu’ici, la sécurité civile ne signale aucune victime en lien avec cet incendie.
KAMOURASKA
Par ailleurs, au sud du fleuve, à RivièreOuelle, dans le Kamouraska, l’incendie d’une tourbière a repris de la vigueur en matinée, forçant l’évacuation de dizaines de résidents incommodés par la fumée, qui été remarquée jusqu’à Québec et en Beauce.
En après-midi, le préfet de la MRC de Kamouraska, Yvon Soucy, a précisé, sur Facebook, que la situation était maintenant plus « encourageante […]. Même si le feu n’est pas encore entièrement sous contrôle, il est circonscrit. »
À PIED D’OEUVRE
Au moyen de sa page Twitter, le premier ministre du Québec, François Legault, a annoncé la mise en place d’une ligne d’urgence (1 877 644-4545) concernant les feux de forêt. « Nos équipes sont à pied d’oeuvre et nous suivons la situation de très près », a-t-il ajouté.
Les feux de forêt ont déclenché, hier, des alertes au smog dans plusieurs régions, notamment au Lac-Saint-Jean, en HauteCôte-Nord, dans le Bas-Saint-Laurent, et même dans la Capitale-Nationale.
Rappelons qu’une interdiction de faire des feux à ciel ouvert, en forêt ou à proximité de celle-ci, est en vigueur dans presque toute la province.