Le Journal de Montreal

Les premiers enfants adoptés de la pandémie

Le rapatrieme­nt de jeunes garçons africains a été un véritable combat pour leurs familles québécoise­s

- ANNE-SOPHIE POIRÉ

Trois mamans québécoise­s ont réussi « par miracle » à rapatrier leurs enfants du Burundi, alors que tous les processus d’adoption internatio­nale sont suspendus à cause de la pandémie.

« Pour nous, c’est comme un miracle », laisse tomber Rachel Couillard.

La mère à la maison de 34 ans a accueilli son cinquième enfant à l’aéroport Jean-Lesage de Québec, dimanche dernier.

Son petit Jimmy, 3 ans, était attendu depuis janvier 2018, au moment où le dossier de la famille de Terrebonne, dans Lanaudière, a été déposé à l’agence d’adoption.

Tous sur le même vol, trois bambins, Jimmy, Iriho, 2 ans, et Jackson, 4 ans, sont les premiers enfants nés à l’étranger à arriver au pays depuis la mi-mars, confirme la directrice générale du Secrétaria­t à l’adoption internatio­nale (SAI), Josée-Anne Goupil.

« UN VÉRITABLE COMBAT »

Rachel Couillard, Julie Simard et Isabelle Pelletier devaient toutes partir pour le Burundi – un pays de l’Afrique de l’Est parmi les plus pauvres sur la planète – au début du mois d’avril.

Lorsque Québec a déclaré l’état d’urgence, à la mi-mars, le SAI a informé les trois mamans qu’elles devraient attendre la fin de la pandémie pour rencontrer leurs fils adoptifs.

« On ne s’est jamais satisfaite­s de cette réponse, affirme Julie Simard, une militaire de 43 ans, nouvelle maman du petit Iriho, 2 ans. Ça a été un véritable combat. »

Par l’entremise de la Fédération des parents adoptants du Québec, la dame de Lac-Serment, au nord-ouest de Québec, est entrée en contact avec les deux autres mères.

« Ça a été trois mois de travail sans relâche. Des lettres, des appels et des suivis au SAI, à nos députés, à Affaires mondiales Canada, à tous les ministres qui existent », raconte, quant à elle, Isabelle Pelletier, une pharmacien­ne de Waterloo, en Montérégie.

La femme de 41 ans est maintenant mère de six enfants. Jackson, 4 ans, est son troisième fils adopté à l’internatio­nal.

Comme les trois femmes ne pouvaient se rendre au Burundi, elles ont misé sur le rapatrieme­nt.

ESCORTÉS PAR UN COUPLE

Le ministère des Relations internatio­nales a ciblé pour elles un couple de confiance prêt à escorter les enfants au Canada.

« On a fait comprendre [aux autorités] que la COVID-19 et la situation politique instable au Burundi mettaient la vie de trois petits Canadiens en péril, soutient Mme Pelletier. Et on avait peur que la guerre civile éclate. »

Les trois mères sont maintenant « énormément soulagées et comblées » de pouvoir enfin prendre leur enfant dans leurs bras.

 ?? PHOTOS CHANTAL POIRIER ET COURTOISIE ?? 1. Rachel Couillard et Jonathan Michel Habib avec leurs quatre enfants biologique­s. De gauche à droite : Asaël (7 ans), Josué (11 ans), Caleb (5 ans) et Maela ( 9 ans) ont accueilli Jimmy, adopté au Burundi. 2. Julie Simard et son mari, tout sourire avec leur fils de 2 ans, Iriho. 3. Les enfants d’Isabelle Pelletier. En arrière, Charlie (16 ans) et Abigaëlle (13 ans), et en avant, Alec (14 ans), Eugénie (11 ans) et Clément (5 ans), étaient heureux de rencontrer leur nouveau petit frère, Jackson (4 ans).
PHOTOS CHANTAL POIRIER ET COURTOISIE 1. Rachel Couillard et Jonathan Michel Habib avec leurs quatre enfants biologique­s. De gauche à droite : Asaël (7 ans), Josué (11 ans), Caleb (5 ans) et Maela ( 9 ans) ont accueilli Jimmy, adopté au Burundi. 2. Julie Simard et son mari, tout sourire avec leur fils de 2 ans, Iriho. 3. Les enfants d’Isabelle Pelletier. En arrière, Charlie (16 ans) et Abigaëlle (13 ans), et en avant, Alec (14 ans), Eugénie (11 ans) et Clément (5 ans), étaient heureux de rencontrer leur nouveau petit frère, Jackson (4 ans).

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