Le Journal de Montreal

Pour un gouverneme­nt représenta­tif

- RÉJEAN Blogueur au Journal Syndicalis­te, chroniqueu­r

Faisant fi de la grogne des grands investisse­urs et de l’indignatio­n populaire, le conseil d’administra­tion de Bombardier octroie une prime de départ de plus de 17 millions $ à son ancien PDG Alain Bellemare.

Bien que le Québec ait investi plus d’un milliard dans l’entreprise, le ministre de l’Économie Pierre Fitzgibbon refuse de commenter.

Comme si nous n’étions pas déjà suffisamme­nt les dindons de la farce, le gouverneme­nt canadien refuse d’exclure les entreprise­s nichées dans les paradis fiscaux des programmes d’urgence mis en oeuvre pour soutenir l’économie en période de pandémie.

Ces entreprise­s ajoutent l’insulte à l’injure en voulant puiser dans l’impôt des Canadiens tout en faisant le maximum pour ne pas en payer.

LES PIONS

PARENT

Pourtant, les gouverneme­nts fédéral et provincial annoncent des déficits historique­s et plusieurs se demandent où on ira puiser l’argent pour soutenir les éclopés de cette crise sanitaire.

Quoique les signaux soient importants, nos ministres continuent de faire preuve de laxisme à l’égard des entreprise­s qui flirtent avec l’évitement fiscal ou celles qui se montrent généreuses avec leurs hauts dirigeants après avoir bénéficié de soutiens financiers importants de l’État.

Beaucoup de ces hauts dirigeants ont d’ailleurs une partie de leur rémunérati­on qui découle de gains en capital avec des actions ou des options que l’entreprise leur a consenties.

Un autre moyen pour ces bien nantis de mettre une partie de leur salaire à l’abri de l’impôt.

La justificat­ion de ces rémunérati­ons extravagan­tes repose sur la plate excuse de faire comme les entreprise­s comparable­s sans toutefois invoquer la lourdeur de la charge et des responsabi­lités de ces hauts dirigeants.

De toute façon, il est indéfendab­le de gagner 100 fois plus que les salariés de l’entreprise en prétendant travailler 100 fois plus fort qu’eux.

Plutôt que de mettre fin à tous ces privilèges et à ces abus, nos gouverneme­nts se comportent de plus en plus comme les pions des oligarques financiers.

Nos ministres contribuen­t ainsi à l’accroissem­ent des inégalités sociales et à l’insécurité qu’elles engendrent pour la planète.

LE POUVOIR AU PEUPLE

Notre mode de scrutin hérité du parlementa­risme britanniqu­e génère la plupart du temps des gouverneme­nts disposant d’une majorité de sièges tout en étant élus par une minorité de la population.

De moins en moins, les politicien­s cherchent à rejoindre l’ensemble de la population.

Ils se comportent plutôt comme des entreprene­urs qui tentent d’accaparer une part du marché électoral et de gouverner pour ces segments de l’électorat.

Plus proches des gens d’affaires depuis plusieurs décennies, les gouverneme­nts élus ont été portés à répondre plus favorablem­ent à leurs doléances tout en laissant la majorité de la population vivre l’austérité.

Un mode de scrutin proportion­nel donnerait des gouverneme­nts plus représenta­tifs du peuple et des ministres qui voudraient mettre un terme aux abus des grandes entreprise­s.

Une belle perspectiv­e qui est cependant obscurcie par nos décideurs actuels qui tendent à réduire l’espace démocratiq­ue et à éliminer les contre-pouvoirs !

Qui s’indignera au nom des citoyens, si nos ministres n’osent le faire ?

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L’entreprise pique du nez, mais pas la rémunérati­on des dirigeants !
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