Le Journal de Montreal

G7?G8?G11?Plusonest de fous, plus on s’amuse !

- RICHARD LATENDRESS­E richard.latendress­e@quebecorme­dia.com

En temps normal, les dirigeants des pays les plus industrial­isés seraient réunis – à ce moment précis, ici à Washington – pour faire le point sur certaines des crises les plus graves que le monde ait connues depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Le sommet du G7 a dû être reporté. Ça ne s’est pas fait. Et avant longtemps, ça ne se fera plus.

Les membres de ce club sélect, dont le Canada, se partagent, en rotation, l’organisati­on de la rencontre annuelle. C’est d’ailleurs à peu près le seul moment de l’année où l’on entend parler du groupe. L’actualité a ramené en mémoire, cette semaine, la dernière fois que le Canada a assumé cette responsabi­lité : le désastreux sommet de Charlevoix en 2018.

Les tensions, déjà fortes entre le Canada et les États-Unis à cause des tarifs imposés à l’acier et l’aluminium canadiens, avaient dégénéré après le départ de Donald Trump et les critiques renouvelée­s de Justin Trudeau en conférence de presse. Les divergence­s avaient poussé Peter Navarro, conseiller du président américain, à clamer qu’il existait un endroit spécial en enfer pour des gens comme Trudeau.

IGNORANT ET VENGEUR

John Bolton, ancien conseiller à la Sécurité nationale de Donald Trump, revient sur ce sommet et apporte, selon les extraits publiés de ses mémoires The Room

Where It Happened, un nouvel éclairage sur un moment immortalis­é par une série de photos où les leaders font face au président américain qui les regarde les bras croisés.

Sur la défensive ? Pensif ? Têtu ? Inflexible ? Non ! Bolton raconte que Trump n’était tout simplement pas préparé pour ce sommet et ne comprenait pas les enjeux. Ça donne le vertige, juste à y penser.

L’organisati­on du sommet du G7 revient, cette année, aux Américains. Et malgré la pandémie, le président y tient ; mieux encore, comme le confirmait sa secrétaire de presse : « Le président pense qu’il n’y aurait pas de meilleur exemple de réouvertur­e dans cette transition vers la grandeur que la tenue du G7 en personne ici. »

Donald Trump a été stoppé dans son élan par la chancelièr­e allemande : trop tôt, selon Angela Merkel, pour réunir les sept dirigeants et les centaines de membres de leur entourage. Tout est reporté en septembre, mais le président américain est en beau fusil et la rumeur court que c’est pour punir Merkel qu’il a annoncé la réduction de moitié des troupes américaine­s basées en Allemagne.

OUVRIR LES PORTES

Le président américain flirte aussi avec l’idée de chambarder ce regroupeme­nt de pays riches. « Le G7 ne représente pas correcteme­nt ce qui se passe dans le monde. », affirmait-il récemment à un groupe de correspond­ants à bord d’Air Force One, l’avion présidenti­el. Il n’a pas tort.

Il songe à inviter l’Inde, la Corée du Sud et l’Australie – de solides démocratie­s – mais aussi la Russie, s’abandonnan­t une nouvelle fois à sa fascinatio­n pour Vladimir Poutine, un leader fort comme il les aime.

Cette idée-là ne passera pas, Canadiens et Britanniqu­es ont carrément dit non. Une autre va finir par avoir le dessus : on ne peut plus laisser d’immenses nations se débattre à défendre la démocratie et l’économie de marché et rester – nous, les plus riches – au-dessus de nos affaires.

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