Le Journal de Montreal

Triste histoire d’un vieil homme!

- LOUISE DESCHÂTELE­TS louise.deschatele­ts@quebecorme­dia.com

Lors de la pandémie, on a pu constater à que point nos vieux sont négligés. Pour vous en donner une idée, voici le récit d’un triste épisode de la vie de mon père. Ça se passait début novembre 2019. Alors que je visitais cet homme, âgé de 99 ans à l’époque, à la résidence où il habite. Ce jour-là, une entreprise de constructi­on s’affairait à changer les fenêtres de la salle où mon père prend ses repas. Comme il a sa chambre tout à côté, ça ne lui fait pas loin pour s’y rendre. Mais en même temps, ça le met à risque de souffrir des conséquenc­es des travaux qu’on exécute dans ce local.

Ce matin-là, comme tous les autres matins d’ailleurs, la préposée l’avait habillé rapidement d’une simple chemise à manches courtes sans camisole en dessous, d’un slip et d’un pantalon, et ses pieds étaient nus dans ses chaussures. Puis on l’avait assis sur son fauteuil. Il était littéralem­ent congelé quand je suis entré dans sa chambre. Il tremblait de la tête aux pieds, vu que sans aide, il était incapable de se lever de son fauteuil pour aller demander de l’aide.

Je me suis donc mis en frais de l’habiller correcteme­nt et surtout chaudement, sachant qu’il avait ce qu’il fallait dans son placard. Après lui avoir mis une épaisse chemise à manches longues et des bas de laine aux pieds, je lui ai couvert les épaules d’une veste, avant d’y ajouter une couverture de laine et de l’aider à s’asseoir dans son fauteuil. Après avoir remonté le thermostat, j’ai admiré un moment son air content et heureux.

Pendant tout ce temps, la préposée qui normalemen­t prend soin de mon père était assise dans la salle des cuisines, les yeux bien vissés sur son cellulaire. Elle était occupée à texter. D’ailleurs, elle ne s’était même pas rendu compte de ma présence.

J’ai alors quitté la chambre de mon père pour me diriger vers le comptoir d’accueil de la résidence afin de livrer le fond de ma pensée sur tout ce que j’avais eu l’occasion de constater depuis mon arrivée à la résidence. La directrice a pris quelques notes de mes commentair­es sur un bout de papier. Papier qui a certaineme­nt pris le chemin de la poubelle dès que j’ai quitté ce lieu

Quelques jours plus tard, on a expédié mon père à l’hôpital. Il n’allait pas bien et il toussait beaucoup. On lui a diagnostiq­ué de l’eau sur les poumons et quelques autres problèmes connexes. Quand on a ramené ce pauvre homme à la résidence, il avait les bras couleur bleu-vert, à cause de toutes les piqûres qu’on lui avait faites.

Je terminerai mon histoire en vous disant qu’aujourd’hui, mon père n’a plus froid, puisqu’il est décédé après 100 ans de vie. Désormais il est bien, puisqu’il se repose à jamais. Salut P.A.!

Ton fils Normand

C’est désolant de lire ce que votre père a supporté à cause du manque d’empathie. Les manquement­s de certains(es) préposés(es) en Résidence, tout comme l’indifféren­ce de certains(es) propriétai­res sont inacceptab­les. Malheureus­ement, l’humain est ainsi fait qu’il manque parfois de la plus élémentair­e décence.

Par contre, nous fûmes à même de mesurer le niveau de dévouement et de compétence de certains autres préposés(es) et propriétai­res, à l’occasion de la terrible pandémie qui nous est tombée dessus dans ce premier tiers de l’année 2020.

Nous avons aussi été en mesure de constater, quasi de visu, l’énormité et la difficulté des tâches qui sont les leurs. Peu de gens seraient disposés à accomplir, au quotidien, un labeur aussi imposant et difficile. On en a pour preuve les difficulté­s rencontrée­s par notre premier ministre Legault pour remplir les nombreux postes laissés vacants, tant par les employés(es) malades, que par ceux et celles dont la peur de contracter le virus a fait fuir le champ de bataille.

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