Le Journal de Montreal

En rafale...

- FRANÇOIS-DAVID ROULEAU

Le gérant Gene Mauch était reconnu pour sa ruse et sa compétitiv­ité, quelle anecdote le concernant vous souvenez-vous de 1969 ?

« Quand Gene n’était pas content d’une performanc­e, on le savait très facilement. Une fois, je crois que c’était dans cette vilaine séquence de 20 défaites, il était si fâché qu’il avait vidé une table complète de nourriture d’un seul coup avec son bras. Il avait tout jeté dans la poubelle en signe de frustratio­n. Cette saison 1969 a été à bien des égards frustrante pour plusieurs d’entre nous. »

Justement, quelle avait été votre première réaction quand vous aviez appris que vous étiez sélectionn­é par les Expos au 47e rang du repêchage d’expansion de 1968 ?

« J’avais des sentiments très partagés. J’avais d’abord pensé que je quittais une équipe gagnante à Saint Louis, qui venait de remporter deux championna­ts de la Nationale en 1967 et 1968. J’y avais remporté la Série mondiale en 1967. Mais j’avais décidé de prendre cette occasion positiveme­nt. Je quittais la rotation des Cards, où j’étais le 5e ou 6e lanceur. Je pouvais percer le top 3 des Expos et obtenir plus de départs. L’histoire ne s’est toutefois pas déroulée tel que prévu. »

Plusieurs joueurs ont marqué l’histoire des Expos. Selon vous, quels sont les cinq plus grands à avoir porté cet uniforme ?

« C’est une grande question à débattre. Il y en a beaucoup qu’on peut placer dans l’ordre ou le désordre. Il y a évidemment les Andre Dawson, Tim Raines et Gary Carter. J’ajoute le “Grand Orange” Rusty Staub. Et selon moi, je dois compléter avec le lanceur Bill Stoneman. Je peux difficilem­ent choisir le meilleur. C’est Andre ou Rusty. Ce dernier aurait mon vote puisque j’ai joué avec lui. »

Lors du 6e match de la Série mondiale contre les Tigers de Detroit en 1968, vous aviez accordé un grand chelem à Jim Northrup. En faites-vous encore des cauchemars ?

« Ayant grandi dans la région de Detroit, j’affrontais des gars avec qui j’avais joué au parc à l’adolescenc­e, dont Northrup. J’avais mal terminé la saison. Quand je suis rentré dans ce match, le pointage était de 5 à 0. Et quand j’en suis sorti après avoir affronté trois frappeurs, c’était 10 à 0. Je ne fais plus de cauchemars, mais j’ai mis du temps à l’oublier puisque c’est survenu contre l’équipe de mon enfance. Quand les gens m’en parlent, je leur remémore mes cinq jeux blancs contre les Dodgers ! Mais avant de mourir, Jim m’a envoyé une photo à autographi­er. On le voyait s’élancer sur ce fameux grand chelem. J’ai accepté de la dédicacer. C’était pour une bonne cause. »

Vous étiez surnommé « Dodger Killer », mais d’où provient votre autre surnom du « Creeper » ?

« J’étais un gars très silencieux et calme à l’époque. Je n’étais vraiment pas un parleur. Mais je pouvais regarder au-dessus d’une épaule sans que les gens s’en aperçoiven­t ou m’imposer en arrivant de nulle part. Aujourd’hui, ma femme me demande souvent où est passé le “Creeper”, car je parle trop ! »

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