Le Journal de Montreal

LES PIRES LACS DU QUÉBEC

La revanche du lac qu’on croyait mort

- ANNABELLE BLAIS ET PHILIPPE LANGLOIS

Dans quel état se trouve le lac dont vous profiterez cet été ? Pour le savoir, notre Bureau d’enquête vous présente la liste des 188 lacs québécois jugés préoccupan­ts, compilée à partir des données du Réseau de surveillan­ce volontaire des lacs du Québec. Mieux vaut prendre des précaution­s avant de s’y baigner ou d’y pêcher.

Il y a une douzaine d’années, personne ne croyait possible de sauver le lac Mandeville, dans Lanaudière.

« Tout le monde disait que le lac était fini, qu’il était mort, plusieurs avaient lancé la serviette », se rappelle Rossana Pettinati, présidente du Comité des citoyens du Lac Mandeville.

Les algues bleu-vert et les coliformes fécaux avaient envahi le plan d’eau, et la baignade était déconseill­ée.

« On regardait notre environnem­ent mourir. On était triste et en colère », poursuit la riveraine.

Encore l’an dernier, le lac était dans la classe eutrophe et faisait partie de notre top 15 des pires lacs au Québec.

« Il y a quelques années, un producteur agricole avait transformé notre lac en fosse à purin, explique Mme Pettinati. Selon les études qu’on a faites avec des scientifiq­ues, 80 % de l’apport en phosphore est d’origine agricole. »

PRENDRE SES RESPONSABI­LITÉS

Autre problème, les citoyens ne comprenaie­nt pas l’importance des bandes riveraines, ces zones de plantes autour d’un lac qui agissent comme un filtre, ajoute la présidente.

« Tout le monde montrait du doigt quelqu’un d’autre, mais finalement chacun a pris ses responsabi­lités, ditelle. »

Et les résultats ont commencé à se faire sentir. « Le lac renaît, il est poissonneu­x ! » s’exclame Mme Pettinati.

Cette année, il quitte la liste des lacs à l’article de la mort et est maintenant classé méso-eutrophe, ce qui demeure préoccupan­t mais représente néanmoins une améliorati­on.

Les épisodes de cyanobacté­ries ont aussi grandement diminué, les coliformes fécaux ont disparu, et les restrictio­ns sur la baignade sont plus rares.

« Les effets sont incroyable­s. Faut dire qu’on a vraiment vécu l’enfer entre 1995 et 2005 », insiste-t-elle.

En collaborat­ion avec le comité de bassin versant, l’associatio­n veut notamment encourager les bonnes pratiques agricoles et s’assurer que les agriculteu­rs aient les ressources pour contribuer à la santé du lac.

« On veut continuer à construire des relations durables avec tous les riverains. Parce que personne ne veut revenir en arrière ! »

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JDEM.COM/LACS Pour connaître l’état des 827 lacs du Réseau de surveillan­ce, consultez notre carte interactiv­e au
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PHOTOS MARTIN CHEVALIER ET COURTOISIE Claude Tremblay tient dans ses mains un plant de myriophyll­e, cette plante envahissan­te qui détériore la qualité du lac Trois-Lacs, près d’Asbestos.

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