Le Journal de Montreal

Plus d’un lac sur quatre analysé l’an dernier par le Réseau de surveillan­ce volontaire des lacs du Québec a vu son état se détériorer.

- ANNABELLE BLAIS ET PHILIPPE LANGLOIS Bureau d’enquête

Sur les 827 lacs qui font partie du Réseau de surveillan­ce, 394 ont fait l’objet d’analyses en 2019. Et dans 106 cas, la qualité de l’eau était moins bonne que ce qui avait été précédemme­nt observé.

L’agricultur­e, les changement­s climatique­s, la déforestat­ion, les fosses septiques et l’engrais sont des facteurs qui peuvent accélérer la dégradatio­n d’un lac.

Au total, on compte maintenant 18 lacs considérés comme eutrophes et hyper-eutrophes

(voir le lexique en page 34), soit les pires états possible. À ce stade, il y a lieu de s’alarmer.

Parmi eux, on trouve le lac à la Truite, situé à Irlande, près de Thetford Mines.

« Lors des bonnes crues, des résidus miniers y sont déversés », explique Réjean Vézina, président de l’Associatio­n de protection du lac à la Truite d’Irlande (APLTI).

DES EAUX USÉES

Le plan d’eau est aussi contaminé par le lisier et les eaux usées de la rivière Bécancour, qui s’y jette.

« La baignade n’est pas recommandé­e, car il y a des coliformes fécaux et quelqu’un pourrait être contaminé à l’E. coli et avoir la diarrhée », relate M. Vézina.

En 60 ans, environ 50 centimètre­s de sédiments se sont déposés au fond du lac.

Lueur d’espoir toutefois, la réfection du réseau d’égout et la constructi­on d’une filière de désinfecti­on à l’usine d’épuration du secteur de Black Lake, demandée par l’associatio­n depuis quelques années, a finalement été annoncée par Thetford Mines en décembre.

Seulement 47 des 394 lacs étudiés en 2019, soit 12 % d’entre eux, présentent une améliorati­on de la qualité de l’eau, dont le lac Mandeville (voir autre texte).

COVID-19

La détériorat­ion de l’état des lacs risque aussi d’être accentuée par la COVID-19, cette année.

Puisque la grande majorité des Québécois prennent leurs vacances au Québec cet été, le nombre d’embarcatio­ns sur les plans d’eau est plus élevé, soulignent les experts.

Il risque aussi d’y avoir plus de déplacemen­ts d’embarcatio­ns entre les lacs, ce qui contribue à propager les plantes aquatiques exotiques envahissan­tes.

Différents programmes de suivis de la qualité de l’eau et de restaurati­on ont aussi été mis sur la glace, ces derniers mois, en raison du confinemen­t.

C’est le cas pour le lac à la Truite où un vaste projet d’échantillo­nnage des plans d’eau du bassin pour comprendre les causes précises de la pollution a été reporté à une date inconnue, se désole M. Vézina.

Même chose pour leur projet d’aménagemen­t de bandes riveraines, une zone de plantes autour d’un lac qui agit comme un filtre pour les eaux de ruissellem­ent, et de sensibilis­ation des producteur­s agricoles à l’importance de ces dernières.

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