Plus d’un lac sur quatre analysé l’an dernier par le Réseau de surveillance volontaire des lacs du Québec a vu son état se détériorer.
Sur les 827 lacs qui font partie du Réseau de surveillance, 394 ont fait l’objet d’analyses en 2019. Et dans 106 cas, la qualité de l’eau était moins bonne que ce qui avait été précédemment observé.
L’agriculture, les changements climatiques, la déforestation, les fosses septiques et l’engrais sont des facteurs qui peuvent accélérer la dégradation d’un lac.
Au total, on compte maintenant 18 lacs considérés comme eutrophes et hyper-eutrophes
(voir le lexique en page 34), soit les pires états possible. À ce stade, il y a lieu de s’alarmer.
Parmi eux, on trouve le lac à la Truite, situé à Irlande, près de Thetford Mines.
« Lors des bonnes crues, des résidus miniers y sont déversés », explique Réjean Vézina, président de l’Association de protection du lac à la Truite d’Irlande (APLTI).
DES EAUX USÉES
Le plan d’eau est aussi contaminé par le lisier et les eaux usées de la rivière Bécancour, qui s’y jette.
« La baignade n’est pas recommandée, car il y a des coliformes fécaux et quelqu’un pourrait être contaminé à l’E. coli et avoir la diarrhée », relate M. Vézina.
En 60 ans, environ 50 centimètres de sédiments se sont déposés au fond du lac.
Lueur d’espoir toutefois, la réfection du réseau d’égout et la construction d’une filière de désinfection à l’usine d’épuration du secteur de Black Lake, demandée par l’association depuis quelques années, a finalement été annoncée par Thetford Mines en décembre.
Seulement 47 des 394 lacs étudiés en 2019, soit 12 % d’entre eux, présentent une amélioration de la qualité de l’eau, dont le lac Mandeville (voir autre texte).
COVID-19
La détérioration de l’état des lacs risque aussi d’être accentuée par la COVID-19, cette année.
Puisque la grande majorité des Québécois prennent leurs vacances au Québec cet été, le nombre d’embarcations sur les plans d’eau est plus élevé, soulignent les experts.
Il risque aussi d’y avoir plus de déplacements d’embarcations entre les lacs, ce qui contribue à propager les plantes aquatiques exotiques envahissantes.
Différents programmes de suivis de la qualité de l’eau et de restauration ont aussi été mis sur la glace, ces derniers mois, en raison du confinement.
C’est le cas pour le lac à la Truite où un vaste projet d’échantillonnage des plans d’eau du bassin pour comprendre les causes précises de la pollution a été reporté à une date inconnue, se désole M. Vézina.
Même chose pour leur projet d’aménagement de bandes riveraines, une zone de plantes autour d’un lac qui agit comme un filtre pour les eaux de ruissellement, et de sensibilisation des producteurs agricoles à l’importance de ces dernières.