Le Journal de Montreal

Première fois en cent ans

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C’est la première fois en plus de cent ans. Première fois que tout le monde part égal pour les séries.

Première fois qu’on ne parlera pas de la petite patinoire des Bruins, des étranges rebonds des bandes de l’Olympia à Detroit…

Première fois que l’on ne vantera pas la qualité de la glace à Edmonton.

Première fois que la foule survoltée et l’ambiance du Centre Bell ne joueront pas un rôle important dans une série.

Première fois que les joueurs et leurs entraîneur­s auront la même marge de manoeuvre. Comme au Monopoly. Tout le monde recevra 1500 $ et pourra tirer les dés. Les meilleurs et les plus chanceux vont gagner. Aussi simple et aussi pur que cela.

LE RÔLE DE CLAUDE JULIEN

Claude Julien va se préparer avec ses assistants. Puis en début de soirée, ce soir à Toronto, les joueurs du Canadien et le personnel de soutien vont s’installer dans le vestiaire.

Un vestiaire neutre comme celui occupé par les Penguins.

Il n’y aura pas les tremblemen­ts des murs et du plafond comme c’est le cas au Centre Bell lorsque 21 000 personnes excitées se lèvent pour se préparer à l’entrée des joueurs.

Première fois en cent ans.

Cette fois, Claude Julien et ses assistants n’auront pas à lever la voix pour se faire entendre. Julien va-t-il rester posé, parler simplement de stratégie ou va-t-il tenter de survolter ses troupes avant que tout le monde ne saute sur la patinoire ?

Un discours bien senti dans un aréna plus vide que vide a-t-il le même poids? Peut-il être chargé d’émotion ?

Ou bien Julien va-t-il décider que ce sont les joueurs qui doivent créer cette électricit­é qui rend un groupe de joueurs meilleurs que les individus qui le forment. Qui crée l’équipe. L’esprit d’une équipe ?

LE LEADERSHIP DES JOUEURS

En fait, plus que jamais dans l’histoire de la Ligue nationale, ce sont les joueurs qui vont prendre le contrôle du vestiaire. On peut imaginer Sidney Crosby et Kristopher Letang à quelques minutes de la mise en jeu officielle.

Je me dis que d’entendre et de voir Sidney Crosby se lever pour aller à la guerre ne peut qu’inspirer un groupe d’hommes.

Chez le Canadien, comme on ne connaît plus rien de cette équipe autrefois prestigieu­se, on ne sait même plus qui est assis près de qui dans le vestiaire.

Qui va être inspirant ? Carey Price ? J’espère, c’est lui qui a le sort de l’équipe sur ses épaules. Mais je me dis que Price est plus intimidant qu’inspirant. Il n’a certaineme­nt pas la folie d’un Patrick Roy avant un grand match.

Roy et d’autres gardiens pouvaient provoquer des miracles. Mais ils pouvaient aussi compter sur une foule délirante, sur des joueurs dopés par l’énergie de l’ambiance. Sur des coachs capables de vendre un frigo à un Esquimau.

Que peut vendre Claude Julien ? Tout repose sur Carey Price.

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Le Scotiabank Arena sera vide ce soir pour le début des séries. Les acteurs seront seuls sur la grande scène glacée. PHOTO AFP

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