Les danseuses peuvent tout enlever... sauf leur masque
Les quelques bars ouverts ont dû s’adapter en raison de la pandémie de COVID-19
Effeuilleuses masquées, isoloirs condamnés, clientèle absente ; les bars de danseuses qui ont décidé d’ouvrir en mode déconfinement ont dû s’adapter afin de tenter de survivre.
Ce type d’établissement n’a aucun passedroit de la Santé publique. Les clients doivent circuler avec leurs masques et ne peuvent l’enlever qu’à la table. Le lavage des mains est obligatoire et la distanciation physique doit être respectée entre les danseuses et les clients.
Les danseuses peuvent enlever la totalité de leurs vêtements… à l’exception du masque bien évidemment.
« Les filles dansent sur un stage à plus de six pieds de distance et doivent porter le masque », a fait savoir le propriétaire du Cabaret Les Amazones, Peter Sergakis.
Selon les observations de l’Agence QMI, à Montréal, seuls le Cabaret Les Amazones, situé sur la rue Saint-Jacques, et le Sexe Mania, sur la rue Ontario, accueillent des clients.
Sur la Rive-Sud, le Bar Zipper à Saint-Hyacinthe est ouvert. Le Bar Vegas à Longueuil fera de même sous peu. À Laval, les clients peuvent aller dans six établissements.
Certains endroits, comme le Cabaret Kingdom sur le boulevard Saint-Laurent à Montréal, ont préféré refermer lorsque le gouvernement a interdit aux bars de vendre de l’alcool après minuit.
DES ISOLOIRS TRANSFORMÉS
Au Cabaret Les Amazones dans le quartier Notre-Dame-de-Grâce, les danses dans les isoloirs sont interdites. Ces derniers servent en ce moment pour le rangement.
Les danseuses peuvent danser pour un client, mais doivent garder la distance de deux mètres. Aucun contact n’est toléré, a mentionné M. Sergakis.
Au bar Le Champion, situé sur le boulevard des Laurentides à Laval, les danses dans les cabines ont subi quelques modifications.
La fille danse à l’intérieur, le client, lui, à l’extérieur et est assis sur une chaise, a-t-on expliqué, tout en précisant qu’une distance de deux mètres les sépare.
LE SOURIRE DANS LES YEUX
La journée de vendredi sera difficile à oublier pour Gabrielle, prénom qu’elle utilise quand elle travaille au Champion. Celle-ci retournait sur scène après quelques mois d’absence, en arborant le masque.
« On aimerait bien que notre client voie notre sourire. Ça fait partie de notre personnalité le visage, mais avec les yeux, le client peut voir que j’ai un sourire », a soutenu Gabrielle.
« [Les clients] sont quand même très polis et comprennent la situation, a-t-elle ajouté. Ceux qui ne comprennent pas s’en vont. La plupart restent, car ils veulent nous encourager et […] veulent que le bar reste ouvert. Au moins, ils peuvent jaser et prendre un verre. »
Que ce soit au Bar Le Champion ou au Cabaret Les Amazones, la police a inspecté les lieux, a-t-on indiqué.
La Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) s’est même invitée chez Les Amazones selon son propriétaire.
REVENUS DIMINUÉS
Tout comme pour les autres bars, l’interdiction de vendre de l’alcool après minuit fait mal aux établissements d’effeuilleuses.
Au bar Le Champion, le nombre de clients présents par soir a chuté de 75 %, ce qui démotive le personnel.
« Les filles, ça ne leur tente plus… La fille va faire 80 $ par soir alors qu’avant elle en faisait entre 300 et 400. Ce n’est vraiment plus pareil. C’est vraiment rough », a expliqué Daniel, le gérant du Champion qui préfère taire son nom de famille.
Ce dernier explique qu’avant la pandémie, une douzaine de filles travaillaient par soir. Maintenant, cela varie entre deux et quatre quotidiennement.
« S’il n’y a pas de filles, les clients s’en vont et on ne fait pas d’argent, a mentionné Gabrielle. On ne fait pas de gros salaires, nous sommes tous des travailleurs autonomes. »