La probité en option
C’est avec plaisir que je retrouve mes lecteurs après une pause estivale pendant laquelle je souhaitais me distancier de l’actualité.
J’anticipais avec délectation me baigner dans la piscine plutôt que dans les tourbillons, entre autres, de la COVID-19, de la gestion erratique de nos gouvernements ou des folies de Donald Trump. Toutefois, elle est têtue l’actualité et elle a vite fait de me rattraper dans les rencontres familiales ou amicales.
À ma grande surprise, les agissements du gouvernement Trudeau dans l’affaire « WE Charity » n’ont pas soulevé l’indignation à laquelle je m’attendais.
L’intégrité des hommes politiques serait-elle devenue accessoire selon les convictions politiques qu’ils portent ou non ?
CHOISIR LE MOINS GREDIN
De toute évidence, le premier ministre Justin Trudeau et son ministre des Finances ont flirté avec le conflit d’intérêts en ne se retirant pas du processus décisionnel qui confiait un mandat à cette entreprise.
Il était outrageant de voir le ministre des Finances rembourser les frais de ses voyages familiaux à cette firme au moment où la pression s’accentuait. C’était encore plus choquant qu’il nous prenne pour des imbéciles en prétextant une simple distraction pour ne pas l’avoir fait avant.
Malgré un travail médiatique impeccable et les efforts de l’opposition pour faire ressortir l’incongruité de tels comportements, le premier ministre croit qu’il n’a rien fait de répréhensible et il continue de donner son appui à Bill Morneau.
Que le premier ministre et son entourage adoptent cette attitude ne surprend guère. Il est cependant étonnant de constater qu’une large frange de l’électorat semble faire abstraction de ces comportements dans les intentions de vote révélées aux maisons de sondage.
Même mes amis progressistes préfèrent un Justin Trudeau à l’éthique vacillante plutôt qu’un retour des conservateurs plus à droite sur le spectre politique. L’interventionnisme des libéraux coûtera probablement cher demain, il est toutefois payant aujourd’hui.
DÉTOURNEMENT DÉMOCRATIQUE
La complaisance à l’égard de dirigeants peu scrupuleux se révèle un mal qui envahit à des degrés plus ou moins élevés la plupart des démocraties occidentales.
L’évocation par les partis d’opposition d’un vote de défiance à l’égard du gouvernement minoritaire est d’ailleurs très mal reçue dans différentes sphères de notre société. Aux dires de plusieurs, l’heure n’est pas à un renversement de gouvernement en pleine période de pandémie, quels que soient les manquements éthiques dont il fait preuve.
Il s’en trouvera pour accuser les leaders de l’opposition de vouloir jouer les gros bras ou de manquer de sens des responsabilités en exigeant plus de rigueur au sein du gouvernement. N’est-ce pas pourtant le rôle fondamental de l’opposition de rendre le gouvernement meilleur et d’éviter qu’il se transforme en repaire de malfrats ?
Il y a toutefois fort à parier que les oppositions feront elles aussi profil bas à la lumière des sondages et des faibles probabilités d’augmenter le nombre de leurs députés.
Ainsi va la démocratie quand elle devient avant tout une carrière pour plusieurs politiciens !
L’éthique ne fait pas le poids devant la diversité des intérêts !