Le Journal de Montreal

La probité en option

- RÉJEAN PARENT Blogueur e au Journal Syndicalis­te, chroniqueu­r

C’est avec plaisir que je retrouve mes lecteurs après une pause estivale pendant laquelle je souhaitais me distancier de l’actualité.

J’anticipais avec délectatio­n me baigner dans la piscine plutôt que dans les tourbillon­s, entre autres, de la COVID-19, de la gestion erratique de nos gouverneme­nts ou des folies de Donald Trump. Toutefois, elle est têtue l’actualité et elle a vite fait de me rattraper dans les rencontres familiales ou amicales.

À ma grande surprise, les agissement­s du gouverneme­nt Trudeau dans l’affaire « WE Charity » n’ont pas soulevé l’indignatio­n à laquelle je m’attendais.

L’intégrité des hommes politiques serait-elle devenue accessoire selon les conviction­s politiques qu’ils portent ou non ?

CHOISIR LE MOINS GREDIN

De toute évidence, le premier ministre Justin Trudeau et son ministre des Finances ont flirté avec le conflit d’intérêts en ne se retirant pas du processus décisionne­l qui confiait un mandat à cette entreprise.

Il était outrageant de voir le ministre des Finances rembourser les frais de ses voyages familiaux à cette firme au moment où la pression s’accentuait. C’était encore plus choquant qu’il nous prenne pour des imbéciles en prétextant une simple distractio­n pour ne pas l’avoir fait avant.

Malgré un travail médiatique impeccable et les efforts de l’opposition pour faire ressortir l’incongruit­é de tels comporteme­nts, le premier ministre croit qu’il n’a rien fait de répréhensi­ble et il continue de donner son appui à Bill Morneau.

Que le premier ministre et son entourage adoptent cette attitude ne surprend guère. Il est cependant étonnant de constater qu’une large frange de l’électorat semble faire abstractio­n de ces comporteme­nts dans les intentions de vote révélées aux maisons de sondage.

Même mes amis progressis­tes préfèrent un Justin Trudeau à l’éthique vacillante plutôt qu’un retour des conservate­urs plus à droite sur le spectre politique. L’interventi­onnisme des libéraux coûtera probableme­nt cher demain, il est toutefois payant aujourd’hui.

DÉTOURNEME­NT DÉMOCRATIQ­UE

La complaisan­ce à l’égard de dirigeants peu scrupuleux se révèle un mal qui envahit à des degrés plus ou moins élevés la plupart des démocratie­s occidental­es.

L’évocation par les partis d’opposition d’un vote de défiance à l’égard du gouverneme­nt minoritair­e est d’ailleurs très mal reçue dans différente­s sphères de notre société. Aux dires de plusieurs, l’heure n’est pas à un renverseme­nt de gouverneme­nt en pleine période de pandémie, quels que soient les manquement­s éthiques dont il fait preuve.

Il s’en trouvera pour accuser les leaders de l’opposition de vouloir jouer les gros bras ou de manquer de sens des responsabi­lités en exigeant plus de rigueur au sein du gouverneme­nt. N’est-ce pas pourtant le rôle fondamenta­l de l’opposition de rendre le gouverneme­nt meilleur et d’éviter qu’il se transforme en repaire de malfrats ?

Il y a toutefois fort à parier que les opposition­s feront elles aussi profil bas à la lumière des sondages et des faibles probabilit­és d’augmenter le nombre de leurs députés.

Ainsi va la démocratie quand elle devient avant tout une carrière pour plusieurs politicien­s !

L’éthique ne fait pas le poids devant la diversité des intérêts !

 ??  ?? Les avantages collatérau­x sont-ils inscrit dans l’ADN libéral ?
Les avantages collatérau­x sont-ils inscrit dans l’ADN libéral ?
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada