Pour ne jamais les oublier
Quand la vie d’une personnalité est portée à l’écran, ce sont des tranches de notre histoire qui se retrouvent exposées, expliquées, magnifiées. Car c’est souvent en étant le plus personnel qu’on devient le plus universel, diront certains créateurs.
Si le genre est moins prisé aujourd’hui, plusieurs chanteurs, humoristes, comédiens et politiciens québécois ont eu l’honneur d’avoir leur propre série biographique à la télévision. Voici quelques-unes de ces oeuvres acclamées, qu’on n’oubliera pas de sitôt, pas plus que les visages qu’elles célébraient.
CHER OLIVIER
Benoît Brière avait été magistral dans son interprétation du clown triste qu’était Olivier Guimond dans Cher
Olivier, fabuleuse minisérie de quatre heures du regretté André Melançon, que TVA diffusait à l’hiver 1997.
Salué de partout et lauréat de trophées Gémeaux et MétroStar pour sa prestation tout en nuances, le comédien avait su rendre avec justesse le besoin viscéral de la scène d’Olivier, sa grande insécurité, son amour (respectueux, mais volage) des femmes et son penchant pour l’alcool et la fête, du début de l’âge adulte jusqu’à la mort du comédien.
En retraçant le parcours d’Olivier Guimond, c’est toute une tranche du show-business québécois qu’on découvrait à travers Cher Olivier, de l’époque des cabarets jusqu’à Cré Basile. Avec autant de brio, Bernard Fortin, Sonia Vachon et Vincent Bilodeau personnifiaient Denis Drouin, Manda Parent et Marcel Gamache, grands complices d’Olivier, pour ne nommer que ceux-là.
ICI ARTV rediffuse Cher Olivier en semaine, à 9 h, jusqu’au mercredi 5 août, avec des rediffusions dans la journée.
ALYS ROBI
Alys Robi, qui fut justement l’un des grands amours de la vie d’Olivier Guimond, a pu voir la biographie télévisée qui lui fut consacrée à l’automne 1995, puis le film Ma vie en cinémascope, qui racontait aussi son histoire, en 2004, avant qu’elle nous quitte, en mai 2011.
La première chanteuse québécoise à avoir percé le marché international en s’appropriant des succès comme Tico
Tico et Besame Mucho était incarnée, à la télévision, par une Joëlle Morin qui était alors très présente au petit écran. Denise Filiatrault, qui était l’auteure de la série comme du long métrage, n’a jamais caché son immense admiration pour Alys Robi, née Alice Robitaille, qui ne visait rien de moins que le monde pour faire briller sa carrière.
Ses débuts alors qu’elle n’était qu’une adolescente, ses années de gloire à travers le globe, ses « crises de vedette », puis les tourments de sa maladie mentale et son internement à l’hôpital Saint-Michel-Archange, où elle a subi électrochocs et lobotomie : la riche existence d’Alys a été condensée en quatre épisodes relayés par TVA, qu’on a rarement revus par la suite.
JEAN DUCEPPE
Il était audacieux, de la part du réalisateur
Robert Ménard, de confier l’interprétation de Jean Duceppe à un jeune Paul Doucet, qui ne comptait jusque-là à son actif que peu de rôles à la télévision.
Mais 2002 fut son année, et l’acteur remportait en 2003 le trophée Gémeaux du premier rôle masculin pour avoir bien su rendre les combats et le fort caractère de Jean Duceppe.
Son discours de remerciement lors de la soirée avait d’ailleurs été très étoffé. À ses côtés, dans la série présentée à Télé-Québec, Suzanne Clément se glissait dans la peau de la fidèle conjointe de Jean Duceppe, Hélène Rowley, qui l’a soutenu dans ses luttes pour le théâtre et l’engagement politique.
On retrouvait dans Jean Duceppe plusieurs monstres sacrés de la culture québécoise : Denise Pelletier (Sylvie Drapeau), Janine Sutto (Annick Bourassa), Jean-Louis Roux (Denis Lavalou), Guy Provost (Bobby Beshro), Michel Dumont (Frédérick De Grandpré), Denise Filiatrault (Sonia Vigneault)…
WILLIE
En 2000, c’est une icône country que TVA et le réalisateur Jean Beaudin honoraient en lui dédiant une série. Luc Guérin prêtait ses traits à Willie Lamothe — interprète de pièces comme Je suis un cowboy canadien, Mille après
mille et Je chante à cheval — et Nathalie Mallette, à sa femme, Jeannette Lemieux.
On y voyait celle-ci semoncer vertement son homme, qui quittait la Floride à reculons pour rentrer à Montréal recevoir un trophée-hommage lors d’un gala, prétexte à se remémorer ses réussites et ses travers, de son apprentissage du métier de chanteur western à sa relation complexe avec son fils Michel (Sébastien Huberdeau), qui devint aussi musicien et fut membre d’Offenbach, en passant par sa longue relation adultère avec Rita Germain (Julie Ménard). Gerry Boulet (Martin Desgagné) et, bien sûr, Bobby Hachey (Hugo Dubé) faisaient aussi partie du récit.
Willie Lamothe aurait célébré ses cent ans en 2020.