Le Journal de Montreal

« J’ai été négligent, je me disais que ça ne m’arriverait pas »

- MAUDE OUELLET Le Journal de Montréal – Avec Erika Aubin

Le relâchemen­t face aux mesures sanitaires chez les moins de 40 ans inquiète des experts, qui craignent la contaminat­ion des proches vulnérable­s.

Alex et Emmanuelle, deux jeunes dans la vingtaine qui préfèrent taire leurs noms de famille pour ne pas nuire à leur emploi, ont contracté la COVID-19 lors de soirées entre amis et ont été au centre d’éclosions dans les derniers jours.

« J’ai été négligent, je me disais que ça ne m’arriverait pas. Finalement, je suis positif, et une bonne partie de mes amis l’ont aussi », admet le jeune homme de 28 ans.

Résultat : une vingtaine de personnes de son entourage sont malades après avoir visité un bar de Montréal, le 21 juillet.

« Je n’ai pas fait attention et j’ai repris mes habitudes d’avant la pandémie. J’ai même bu dans le verre d’une de mes amies », avoue quant à elle Emmanuelle, 25 ans, qui a vu quatre personnes être infectées.

« Ce qui nous inquiète, c’est que ces jeunes-là ont des entourages. Ils ont des parents, des grands-parents, des personnes qui ont d’autres conditions de santé. Ce sont ces gens qui sont plus vulnérable­s, laisse tomber le Dr Michaël Chassé, intensivis­te au Centre hospitalie­r de l’Université de Montréal. [...] Ce sont eux qu’on ne veut pas retrouver aux soins intensifs. »

Ce n’est pas le cas pour Alex et Emmanuelle, qui regrettent leurs incartades.

« J’étais la première de mon entourage et de mes collègues de travail à l’avoir. Le fait de connaître quelqu’un qui l’a eu, ça nous rend plus prudents », explique Emmanuelle.

MAJORITÉ DES NOUVEAUX CAS

Récemment, les autorités ont tenté d’endiguer la propagatio­n du virus chez les moins de 39 ans, qui représente­nt 35 % des cas totaux au Québec.

Cette tranche d’âge correspond aussi à la majorité des nouveaux cas, une tendance qui pourrait se refléter dans quelques semaines dans les hôpitaux, selon le Dr Chassé.

Il admet que les jeunes ont moins de risques de développer des complicati­ons, mais qu’ils devraient tout de même être vigilants.

« C’est toujours une question de piger le mauvais billet de loterie. Il y en a, des jeunes qui tombent malades, surtout s’ils ont des maladies sousjacent­es », ajoute le spécialist­e.

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Intensivis­te au CHUM
MICHAËL CHASSÉ Intensivis­te au CHUM

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