Le Journal de Montreal

Un père dénonce la présence de porno juvénile sur Instagram

Il milite pour que l’entreprise éradique ces contenus illégaux de sa plateforme

- ERIKA AUBIN story

Un père de famille est scandalisé par les images de pornograph­ie juvénile qu’il a vues en surveillan­t le compte Instagram de son fils de 9 ans et il somme la plateforme d’éradiquer ce contenu illégal.

« En quelques clics, je suis tombé sur des profils comme“nu des young boys 14 yo” [jeunes garçons de 14 ans nus], des photos de fesses d’enfants, des commentair­es pervers laissés par des faux comptes », décrit Alexandre Pilon.

Il assurait une vigie du compte Instagram de son fils lorsqu’il a repéré un compte à caractère sexuel.

« C’est en fouillant les abonnés et les abonnement­s que j’ai découvert le reste. Je n’ai pas dormi pendant trois jours à cause de ce que j’ai vu… Des vidéos d’exploitati­on sexuelle de mineurs publiées en », explique-t-il, troublé.

Il a remis des dizaines de captures d’écran au Service de police de la Ville de Montréal (SPVM). Ce dernier, qui n’a pas répondu à notre demande d’entrevue, lui aurait assuré que les profils qu’il a dénoncés ont été fermés. Mais cette réponse ne satisfait pas M. Pilon.

ACCESSIBLE À TOUS

« On peut bien fermer les comptes, mais c’est facile de se revirer de bord et d’en créer un nouveau. À la base, de la pornograph­ie juvénile ne devrait jamais se retrouver sur internet et encore moins sur une plateforme accessible à tous », lance celui qui travaille chez le géant des jeux vidéo Ubisoft, à Montréal.

L’homme de 38 ans souhaite qu’Instagram, qui appartient à Facebook, empêche ce type de contenu de se retrouver sur son réseau social.

« C’est leur responsabi­lité d’éradiquer ces contenus illégaux, et si la plateforme n’y arrive pas, le gouverneme­nt devrait imposer des sanctions », ajoute M. Pilon.

Un expert en cybersécur­ité estime que le groupe Facebook a en quelque sorte « perdu le contrôle ».

« Il y a des milliards d’utilisateu­rs et d’items partagés quotidienn­ement. C’est impossible de contrôler autant de contenus. Le seul espoir résulte dans l’automatisa­tion, mais l’intelligen­ce artificiel­le n’est pas encore au niveau », explique Jean-Philippe Décarie-Mathieu.

FILTRER LE CONTENU EN AMONT

Le Centre canadien de protection de l’enfance considère qu’Instagram devrait filtrer en amont les contenus partagés.

« C’est-à-dire faire passer le contenu par un filtre avant même que ça atterrisse sur la plateforme. Toutes bonnes entreprise­s technologi­ques devraient le faire, mais il y a encore du travail à réaliser en ce sens », fait savoir le porte-parole René Morin.

« Dans le cas d’Instagram, il y a une modération qui est faite après coup, par exemple quand les gens font des signalemen­ts. Mais rien n’est mis en place pour empêcher les images pédopornog­raphiques de s’y retrouver de prime abord », précise-t-il.

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PHOTO CHANTAL POIRIER Alexandre Pilon a vu des images de pornograph­ie juvénile sur un compte Instagram qui s’est abonné à celui de son fils de 9 ans.

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