Le Journal de Montreal

Ce que la crise m’a appris

- RICHARD MARTINEAU richard.martineau@quebecorme­dia.com

Ça fait six mois que l’OMS a déclaré que la pandémie actuelle était « une urgence de portée internatio­nale ».

L’occasion parfaite pour faire un bilan.

Voici quelques leçons que j’ai tirées de ces 24 semaines surréalist­es.

1) Ne jamais rien tenir pour acquis.

Embrasser des amies sur la joue. Serrer la main d’étrangers en disant : « Enchanté ». Étreindre ses parents. Aller au resto, puis au cinéma.

Inviter des amis à souper. Danser dans un bar bondé. Chuchoter des mots doux à l’oreille d’une fille qu’on ne connaissai­t pas il y a une heure.

Qui aurait dit il y a six mois que ces gestes inoffensif­s qui font partie de la vie quotidienn­e deviendrai­ent suspects, dangereux, voire illégaux ?

« L’homme est un animal social », dit-on. Dieu qu’on s’en est rendu compte ! Nous sommes comme ces enfants qui vivent dans des bulles pour protéger leur système immunitair­e déficient.

À la fin de cette crise, on va être mûr pour le plus gros rave de l’histoire de l’humanité.

Tout le monde tout nu dans la mousse !

2) Certaines personnes ne comprennen­t ni du cul ni de la tête.

Hier, une femme m’a envoyé ce message sur Messenger : « Richard, je ne comprends pas, tu es contre le voile, mais pour le masque ».

J’ai sauté sur mon clavier pour lui expliquer la différence, puis… Non. Pas de temps à perdre.

À QUOI ÇA SERT?

Les Anglais ont une belle expression pour ça : « Don’t argue with fools ». Ça ne sert à rien de discuter avec des idiots.

Même chose avec les amateurs de complots : tu ne les feras jamais changer d’idée. La Vérité leur a été révélée. Ils ont vu la lumière. Ils font partie de la Secte des bienheureu­x. Eux savent, pas toi.

Ils sont « éveillés », et toi tu dors. Comment peux-tu avoir une discussion un tant soit peu intéressan­te avec ce genre d’illuminés ?

3) Vive le système D !

Que fais-tu quand la vie te donne des citrons ? De la limonade !

C’est ce qu’ont fait plusieurs restaurate­urs, commerçant­s et chefs d’entreprise.

Vraiment, l’ingéniosit­é des entreprene­urs m’a jeté sur le cul. Ils ont viré sur un dix sous pour sauver leur entreprise et le gagne-pain de leurs employés.

Plats pour emporter. Service de livraison en ligne. Comptoirs donnant sur la rue. Terrasses improvisée­s dans le stationnem­ent.

Allez hop, on vend notre sauce à spaghetti ! On se lance dans la fabricatio­n de masques ! On livre des boîtes-repas ! On se réinvente !

C’était beau à voir. Chapeau à tous ces entreprene­urs qui ont brassé la cabane pour sauver les meubles.

Et honte à la mairesse de Montréal qui leur a mis des bâtons dans les roues en fermant un nombre record de rues et en enlevant de précieuses places de stationnem­ent, poussant leurs clients vers la banlieue.

Comme si les chantiers, les détours et les cônes orange n’étaient pas suffisants…

4) C’est pas parce que c’est gros que ça fonctionne.

Ah, il est gros notre système de santé ! Il est énorme, colossal !

En veux-tu, des organismes ? En v’là ! Des CIUSSS, des régies, des cliniques !

Il est tellement gros que la tête ne voit plus les pieds.

Résultat : la cacophonie.

Face à ce géant obèse, le virus a eu la partie facile…

Quand la vie te donne des citrons, tu fais de la limonade !

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