« Dans le doute, dites la vérité »
Le premier ministre Justin Trudeau aurait eu intérêt à méditer sur ce judicieux conseil que professait l’auteur américain Mark Twain. Son témoignage sur l’affaire WE Charity, qui mine depuis des semaines sa gestion du pays en pleine pandémie, en aurait été plus crédible.
De sa part, nous avons eu droit à des réponses qui rimaient avec l’invraisemblance. Pourtant, il le sait, la perception, en politique, c’est fondamental !
Récapitulation : Dans le cadre de la gestion de la crise sanitaire, le gouvernement minoritaire de Justin Trudeau a demandé l’appui de l’opposition pour avoir des pouvoirs exceptionnels. Ce même gouvernement concocte un programme ne pouvant apparemment être administré que par un organisme proche de la famille du PM et de celle de son ministre des finances, Bill Morneau.
LA SÉQUENCE DU DOUTE
22 avril : Le gouvernement fédéral annonce le programme.
5 mai : Un membre du personnel de Justin Trudeau discute avec WE Charity. Le même jour, cet organisme obtient l’autorisation d’exiger des frais pour administrer ledit programme.
8 mai : Date à laquelle le premier ministre Trudeau dit avoir entendu parler pour la première fois de l’association avec WE Charity comme seule option pour livrer le programme.
22 mai : Le cabinet approuve le programme.
30 juin : Le programme est officiellement annoncé.
Cette séquence vient soutenir les assertions de l’opposition voulant qu’il y ait eu favoritisme et conflits d’intérêts. Le doute est semé…
Aussi, le premier ministre Trudeau a laissé entendre que ce sont les fonctionnaires qui ont recommandé WE Charity comme gestionnaire du programme gouvernemental en question. Dans ce cas, pourquoi les libéraux ont-ils voté en comité contre la demande de l’opposition de déposer le mémoire des fonctionnaires recommandant cet organisme pour la gestion du fameux programme ?
KOTTO
DANS L’ATTENTE D’UN DÉNOUEMENT OBJECTIF
Le dossier SNC Lavalin nous a démontré que la présence du PM au cabinet complique la tâche du commissaire à l’éthique.
Si le PM veut réellement s’inscrire dans une transparence exemplaire, la chose à faire serait de se mettre à l’écart et de libérer l’ensemble de son cabinet du secret ministériel dans le cadre de l’enquête.
LE CONFORT PIÈGE LES ESPRITS LÉGERS
Sur l’affaire de l’Aga Khan, monsieur Trudeau s’était excusé. Il fut entendu.
Sur l’affaire SNC-Lavalin un chefd’oeuvre en termes d’ingérence et de conflit d’intérêts, il a perdu sa majorité.
« J’ai été mis sur la terre pour ça : je me bats et je gagne. C’est ma grande force », disait Justin Trudeau dans un film documentaire qui lui était consacré. Dans la perspective d’un troisième blâme, Justin Trudeau pourrait perdre le pouvoir. On ne gagne pas éternellement.
Amateur de boxe, Justin Trudeau devrait éviter le K.-O. à son propre parti. L’honneur ou la turpitude, là est son choix. Le PLC pourrait se donner un nouveau chef de la trempe d’un François Philippe Champagne pour rester en vie au lendemain de la chute du gouvernement.