Une occasion unique
Le message était bien clair pendant l’entracte entre la troisième période et la période de prolongation.
« Si vous avez peur de perdre, on va perdre. Si vous croyez à vos chances, si vous croyez que nous pouvons gagner ce match, nos chances sont très bonnes. »
Et Claude Julien a dirigé son équipe en exploitant au max le talent et les ressources de ses effectifs. Il avait un plan de match bien détaillé où chacun avait un rôle à jouer.
Il a donné encore plus de poids à cette théorie qu’il défend tous les jours : « Je n’identifie pas mes trios par des numéros. » Y a-t-il plusieurs joueurs de centre évoluant au sein d’un « supposé » quatrième trio qui obtiennent 15 min 33 s de temps de jeu et 23 présences sur la patinoire ? Max Domi a compris ce que l’entraîneur avait concocté pour assurer une couverture de tous les temps de Sidney Crosby et d’Evgeni Malkin.
On lui a vite fait comprendre que ce n’était pas uniquement la mission de Phillip Danault, mais bien celle de Nick Suzuki et de Domi. Chacun devait mettre la main à la pâte. La stratégie a fonctionné.
L’autre élément qu’on doit retenir : le Canadien n’a rien à perdre dans cette série. En réalité, il a terminé le calendrier des matchs 15 points derrière les Penguins. Les décideurs du Tricolore profitent donc de cette tribune extraordinaire, une série contre les Penguins, pour donner à leurs jeunes joueurs l’occasion de grandir en leur permettant de vivre une expérience unique. En fin de compte, il y a toujours cette loterie et la possibilité de gagner le premier prix : Alexis Lafrenière.
DES PROPOS JUSTES
« Nous sommes une jeune équipe. Nous, les entraîneurs, leur avons mentionné de sauter sur la patinoire, de puiser dans leurs ressources, de compétitionner contre une équipe qui a gagné la coupe Stanley trois fois. Ils ont notre appui, et ils ont également l’appui des vétérans. »
Des propos intéressants, mais encore faut-il que l’entraîneur applique les consignes établies. Et Julien a tenu parole. Suzuki a été un joueur d’influence lors du premier match de la série. Bien servi par son calme olympien, il a été impressionnant, surtout en infériorité numérique, alors que Danault était au banc des pénalités. Temps de jeu : 23 min 10 s.
Jesperi Kotkaniemi est un joueur amélioré et on l’a utilisé près de 14 minutes.
Julien ne pouvait souhaiter un meilleur scénario. En fait, c’est le scénario qu’il envisageait. Les meneurs de la brigade défensive, Shea Weber et Jeff Petry, avec plus de 30 minutes de jeu, qui se dressent devant l’attaque des Penguins. Carey Price qui s’affiche comme le vrai Carey Price. Dès les premiers instants du match, il a donné à ses coéquipiers l’indice dont ils avaient besoin pour ne souffrir d’aucun complexe d’infériorité face à l’adversaire.
LA RÉPONSE EST VENUE
Et la réponse n’a pas tardé. Les Penguins ont dirigé 41 tirs vers Price, direz-vous, mais l’a-t-on inquiété ? Pas du tout. La plupart du temps, il avait une vision parfaite de tout ce qui se passait devant lui. Très peu de tirs voilés et pas trop de circulation devant le filet.
Le Canadien a ajouté aux inquiétudes qu’entretenaient Mike Sullivan et son groupe avant le début de la série et même dès l’annonce de l’invitation de la Ligue à huit formations pour participer à un tournoi de qualification. Les Penguins avaient manifesté leur désaccord sachant qu’ils auraient à affronter Carey Price et une jeune équipe guidée par quelques vétérans aguerris.
Et Sullivan, comme bien des entraîneurs, n’aime pas affronter un gardien comme Price au premier tour ou en ronde de qualification. Et Sullivan a sûrement consulté les statistiques. Samedi, les Penguins ont disputé un 11e match éliminatoire de suite sans marquer plus de trois buts par match.