Le Journal de Montreal

L’eau n’est pas une priorité pour la CAQ, selon l’opposition

- ANNABELLE BLAIS Bureau d’enquête

Le gouverneme­nt se traîne les pieds en matière de protection de l’eau, dénoncent les partis d’opposition à la suite de notre reportage sur les pires lacs du Québec.

Ils en veulent aussi pour preuve le rapport du Commissair­e au développem­ent durable que le député du Parti québécois Sylvain Gaudreault qualifie de « dévastateu­r »

« Il a tiré la sonnette d’alarme pas rien qu’un peu », rappelle-t-il.

Ce rapport déposé à l’Assemblée nationale en juin dernier démontre que le ministère de l’Environnem­ent ne possède pas les connaissan­ces pour assurer une bonne gestion de l’eau et que le portrait qu’il publie sur l’état de la ressource est « incomplet et imprécis ».

MINISTÈRE ABSENT

Pire encore, le ministère ne coordonne pas l’action du gouverneme­nt et appuie peu les Organismes de Bassins Versant (OBV).

Par exemple, il ne fait pas de suivi des actions et est très peu présent lors des rencontres des tables de concertati­ons des OBV.

Il a assisté à 14 % des rencontres en 20192020 contre 40 % en 2016-2017, ce qui était déjà peu. Cela ne démontre pas une « réelle volonté » d’implanter une gestion de l’eau, croit le commissair­e.

Un des constats qui lui fait conclure à l’échec de la coordinati­on en matière de gestion de l’eau est le fait que le Conseil québécois de l’eau n’a toujours pas entamé ses travaux.

Comme le révélait notre bureau d’enquête hier, ce Conseil est au point mort et son avenir semble incertain puisque Québec se questionne maintenant sur l’instance même et sa structure.

ABOLITION DU CONSEIL ?

Deux ans après sa création, les 40 membres n’ont toujours pas été nommés et aucune réunion n’a eu lieu depuis un an. Aucune rencontre n’est prévue.

« Ce qu’on comprend est que le ministre pense à l’abolir », déplore la députée de Québec Solidaire Ruba Ghazal.

« Ça témoigne d’une très grande négligence », ajoute M. Sylvain Gaudreault.

Le Parti libéral du Québec, qui avait créé le Conseil en juin 2018, est aussi très déçu.

« La ministre [Isabelle] Melançon à l’époque percevait le Conseil comme un chien de garde sur les enjeux de l’eau. Mais le gouverneme­nt de la CAQ […] n’aime pas beaucoup les chiens de garde et les contre-pouvoirs, souligne le député Frantz Benjamin.

« C’est un pattern qu’on voit de plus en plus avec ce ministre et la CAQ d’abolir les mécanismes de consultati­ons et de ne pas être à l’écoute des gens du milieu », ajoute Mme Ghazal.

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