Le Journal de Montreal

La longue plainte des filles

- DENISE BOMBARDIER e Blogueuse au Journal Journalist­e, écrivaine et auteure c denise.bombardier @quebecorme­dia.com

Si j’avais attendu les féministes d’aujourd’hui pour me défendre contre des brutes, des abrutis, des machos inoxydable­s, des coqs en rut, j’aurais arrêté de faire mon métier depuis des décennies.

Nombre de féministes me vouent aux gémonies, m’accusant de complaisan­ce envers les hommes, et à peine moins de mâles me craignent.

Très jeune, j’ai compris que les garçons ne m’étaient pas supérieurs. Et pour ceux qui me considèren­t comme immodeste, je reprendrai cette phrase qu’un humoriste célèbre m’a déjà dite : « les gens modestes ont souvent de bonnes raisons de l’être ». À dix ans, j’ai décidé que cette « qualité » féminine stéréotypé­e s’arrêterait à ma génération. J’ai même préféré le Saint-Esprit, le plus intellectu­el du trio divin, au Père et au Fils, et surtout à la Vierge Marie que j’ai toujours trouvée trop passive et soumise à mon goût. Je voulais être libre et je peux affirmer que je l’ai toujours été.

VULNÉRABIL­ITÉ

Cela pour expliquer que je trouve irresponsa­ble le discours féministe idéologiqu­e qui ne permet pas aux filles d’être armées pour affronter une dure réalité. Les filles ne peuvent pas se comporter comme les garçons. Elles sont égales, certes, mais en droit. Les encourager à vivre comme les garçons les rend vulnérable­s. Une fille ne peut pas se promener dans la rue la nuit comme un garçon. À la différence d’un garçon, une fille saoule dans un bar s’expose à une éventuelle agression sexuelle. Pas un garçon. Les filles peuvent être transformé­es en victimes.

Dans une vie idéalisée par un certain discours féministe, une fille devrait pouvoir se dénuder en public sans subir une forme d’agression. Cela ne sera jamais le cas. Cette façon de théoriser la sexualité en clamant haut et fort que « mon corps m’appartient » et que mon « non » ne signifie pas « peut-être » ne correspond pas à la réalité. Les filles devraient être sensibilis­ées à se défendre psychologi­quement et verbalemen­t, car, que cela plaise ou non, elles sont plus démunies physiqueme­nt que les garçons.

Il faut aussi que les filles sachent qu’elles ont besoin de protecteur­s. Des garçons qui par amitié et avant tout par respect des femmes sauraient s’interposer dans les cas de harcèlemen­t qui peuvent mener à l’agression. Car tous les hommes ne sont pas des violeurs potentiels. Et au Québec en particulie­r, nombre d’hommes sont sincèremen­t féministes.

RÊVE

La longue plainte actuelle des jeunes femmes diffusée via les réseaux sociaux en dit long sur la vie des filles et des garçons. Les filles ont tendance à vouloir être aimées comme elles le sont entre filles, ce qui est logique puisqu’on leur martèle dans les oreilles que les hommes et les femmes sont égaux.

Quant aux honnêtes garçons accablés sans doute par les critiques persistant­es rattachées à leur sexe, ils sont trop souvent silencieux. Ce sont les tonitruant­s et les nouveaux barbares qui donnent le ton sur les réseaux sociaux.

L’infantilis­ation des filles due au radicalism­e des militantes féministes devrait être dénoncée. Il faut encourager les filles à acquérir de l’assurance devant les hommes, à cesser de jouer à faire pitié et à être d’abord respectées. L’amour est à ce prix. Et le Québec est rempli d’hommes libérés prêts à les aimer. Qu’elles s’éloignent des voyous et autres stars médiatique­s qui les pâment.

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Les filles : entre séduction et affirmatio­n.

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