Le Journal de Montreal

Des « propriétai­res fantômes » qui coûtent cher à un concession­naire

- Stéphane Desjardins step ha ne. des jardins c @quebecorme­dia.com

Dans un jugement récent, Carrefour Toyota 40-640 de Charlemagn­e a été condamné à rembourser la vente d’une Lexus RC F usagée ayant eu plusieurs propriétai­res au lieu d’un seul, comme l’affirmait le concession­naire.

Martin Laviolette repère une annonce dans Auto Hebdo affichant une voiture sport de marque Lexus RC F 2015 impeccable, selon l’annonce. Une fois chez le concession­naire, on lui affirme que le véhicule n’aurait eu qu’un seul propriétai­re, soit l’ami du représenta­nt, qui y aurait apporté un soin attentif.

Sauf que selon le relevé de la Société d’assurance automobile du Québec (SAAQ), la voiture en aurait eu plusieurs: un concession­naire Spinelli, Toyota Crédit, qui l’a louée à un client, un autre concession­naire Spinelli puis Chevrolet Buick. Elle est enfin revendue à Toyota Carrefour, qui l’offre à M. Laviolette (l’odomètre indique alors 42 024 km).

Devant le tribunal, le représenta­nt de Toyota Carrefour affirme que selon lui, les propriétai­res qui ne sont pas des particulie­rs n’ont pas à être dévoilés au consommate­ur. La juge Johanne Brodeur qualifie cette pratique d’affaires de surprenant­e et d’illégale.

FAUSSE REPRÉSENTA­TION

Le client a droit de le connaître le nombre d’anciens propriétai­res, indique la juge, qui cite des passages de la Loi sur la protection du consommate­ur (LPC) selon laquelle cette pratique d’affaires s’apparente à de la fausse représenta­tion.

De plus, la voiture a été modifiée et ne correspond­ait pas au modèle affiché dans la publicité. Le système d’échappemen­t et les roues n’étaient pas d’origine. Les jantes faisaient 20 pouces au lieu de 19 et les pneus n’étaient pas conformes au manuel du propriétai­re. Le véhicule avait des problèmes de freins et d’ailes, le miroir du rétroviseu­r côté conducteur était brisé et la peinture avait été endommagée entre l’essai routier et la livraison. Un état qui ne correspond pas à la définition « d’impeccable ».

En juillet 2018, le concession­naire Lexus de Laval avise M. Laviolette que la pompe à carburant doit être changée, car elle fait l’objet d’un rappel, un fait qu’omet de mentionner Toyota Carrefour. En novembre, M. Laviolette démarre sa Lexus : un policier de Longueuil émet un « 48 heures », remarquant un bruit de silencieux important. Le rapport d’inspection mécanique de la SAAQ conclut à un interdit de circulatio­n !

Durant le procès, M. Laviolette soumet un relevé de l’Office de la protection du consommate­ur établissan­t un nombre de plaintes au cours des deux dernières années pour Carrefour Toyota, mais la juge refuse d’en tenir compte pour établir le montant des dommages.

Le jugement du 15 juin dernier annule donc la vente du véhicule et condamne Toyota Carrefour à payer 66 790 $ avec intérêts ainsi que des dommages punitifs de 5000 $ (M. Laviolette en demandait trois fois plus) et des dommages compensato­ires de 6044 $.

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