« Comme louer un Boeing 747 pour 40 personnes »
La limite à 250 spectateurs n’incitera pas certaines salles à rouvrir leurs portes
Même si elles peuvent maintenant accueillir jusqu’à 250 personnes, plusieurs salles de spectacles du Québec resteront fermées parce que les mesures sanitaires en place ne leur permettraient pas de rentabiliser une relance.
Ce sont principalement les plus grandes salles qui ne prévoient pas présenter de spectacles dans les conditions actuelles.
« À 250 personnes, on n’ouvrira pas. C’est trop cher. Je n’ai pas de programmation préparée pour 250 personnes. C’est impossible. Et même si ce l’était, il faut se préparer », tranche le propriétaire de l’Olympia de Montréal, Patrick Lévy.
Au Théâtre Saint-Denis, Claude Chabot prévoit aussi un automne tranquille. Seule la version hybride du festival Juste pour rire, au début octobre, pourrait l’inciter à ouvrir ses portes.
« Faire des spectacles dans une grosse salle, avec 250 personnes, c’est comme louer un Boeing 747 pour 40 personnes. […] Pour reprendre les activités normales, tant et aussi longtemps qu’il n’y aura pas le fameux vaccin, je pense qu’on ne pourra pas faire grand-chose. Je m’attends à ce que ça ne soit pas avant au moins l’été prochain », observe le propriétaire du Théâtre Saint-Denis, Claude Chabot.
Au Centre Vidéotron, à Québec, il ne reste qu’un concert au programme de 2020, celui de Lara Fabian, le 5 décembre, qui devait initialement avoir lieu le 4 avril. Encore là, « on ne peut même pas garantir qu’il va avoir lieu », indique le relationniste Gabriel Marchessault.
DES OUVERTURES
D’autres tenteront de présenter des spectacles adaptés à la limite de 250 personnes et à la distanciation physique exigée. C’est le cas, entre autres, de l’Étoile Banque Nationale de Brossard, de la Place des Arts de Montréal de même que du Palais Montcalm et du Grand Théâtre, à Québec.
« Notre programmateur travaille à une offre adaptée, que ce soit en salle, en ligne ou hybride », signale Claudie Lapointe, relationniste du Palais Montcalm à Québec, où la grande salle peut recevoir 170 spectateurs en respectant un écart de 1,5 mètre.
Du côté du théâtre, les institutions basées à Montréal et à Québec dévoileront, au cours des prochaines semaines, une programmation d’automne basée sur les règles en vigueur.
« Il va y avoir des lectures dramatiques, des concerts musicaux, mais pas de grandes formes théâtrales ni de grands spectacles de cirque », dit le directeur général du Diamant, à Québec, Bernard
Gilbert.
Il reste que des diffuseurs militent ouvertement pour un déconfinement plus généreux. Une distanciation réduite à un mètre entre les spectateurs donnerait un sérieux coup de pouce, avance Claude Désormeaux, de la salle Albert-Rousseau.
« Ça permettrait une augmentation considérable de la jauge. » Si une telle mesure s’accompagnait d’une nouvelle hausse de la limite de rassemblements, il deviendrait envisageable de présenter des spectacles de plus grande envergure, juge-t-il.
SOUS SURVEILLANCE
Questionné à ce sujet en point de presse, hier, le directeur national de santé publique a indiqué qu’il souhaite d’abord voir s’il y aura des éclosions liées à des spectacles. N’empêche, il ne ferme pas la porte.
« J’ai confiance que si les gens respectent les consignes et qu’il n’y a pas d’éclosion, on pourra relâcher », a-t-il déclaré.
- Avec la collaboration de Sandra Godin, Nora T. Lamontagne et Yves Leclerc
Québec a annoncé, hier, une aide financière temporaire de 6 millions destinée aux lieux culturels. Le programme sera mis en ligne vendredi et sera administré par la SODEC.