Gary Bettman, le despote du hockey
Bettman est commissaire de la Ligue nationale de hockey depuis 27 ans. Mao Tsé-toung a dominé la Chine durant le même nombre d’années et Staline, la Russie, deux ans de moins !
L’avocat new-yorkais, qui régente le monde du hockey, compte plus de détracteurs que d’amis. Malgré cela, les propriétaires d’équipes, plus divisés qu’unis, continuent de mettre leur sort entre ses mains. Quant aux millions d’amateurs de notre sport national, l’omnipuissant potentat n’en a rien à cirer.
Les amateurs de Québec en savent quelque chose. C’est en vain qu’ils ont marché sur les genoux pour retrouver l’équipe qu’un autre avocat – Marcel Aubut, celui-là – avait bradée au Colorado. La construction d’un amphithéâtre ultramoderne, la mobilisation de toute la région de la capitale et les appels d’un maire jusque-là irrésistible, rien n’a fait sourciller l’homme ayant déjà décrété trois lockout, dont l’annulation brutale d’une saison complète.
SPORT D’HIVER SOUS LE SOLEIL
Cet apparatchik, qui s’obstine à imposer sous le soleil du sud des États-Unis un sport d’hiver par excellence, ne fait de quartier à personne, surtout pas à la télévision canadienne. Notre télé est pourtant la vache à lait de la Ligue nationale. Contrairement aux autres sports professionnels en Amérique, le hockey tire pour l’instant plus d’argent de la télé canadienne que de la télé américaine.
En janvier 2011, Bettman a négocié avec Comcast (NBC Sports Network) un contrat d’environ 2 milliards de dollars pour les droits de la LNH jusqu’en 2021. Ce contrat, dont Bettman s’était pété les bretelles devant les propriétaires, est de la petite bière en regard de celui conclu avec Rogers deux ans plus tard au coût de 5,2 milliards $ pour 12 ans.
En vertu de son entente avec les Canadiens de Montréal, Bell Média doit débourser chaque saison 68 millions $ pour 60 de leurs parties. Quant à TVA Sports, elle verse annuellement à Rogers 52 millions $ pour 22 matchs des Canadiens, pour 250 parties des autres équipes ainsi que pour les éliminatoires.
UNE DÉCISION BIEN BIZARRE
Quel mépris pour les chaînes de télévision sans lesquelles le hockey professionnel ne saurait survivre !
Le 12 mars, la pandémie a mis fin abruptement à la saison qui devait se terminer le 4 avril. En toute logique, on aurait dû oublier les éliminatoires et commencer une nouvelle saison au début de l’automne. Tous les autres sports professionnels ont écourté leurs saisons et réduit le nombre de parties à disputer. Pas la Ligue nationale de hockey.
Depuis hier et pour plusieurs jours à venir, il y a du hockey de midi à minuit à TVA Sports et à Sportsnet, sans compter les reprises en matinée. Voilà l’époustouflante décision à laquelle en est venu l’ineffable Bettman.
Quel mépris pour les amateurs de hockey ! Quel mépris également pour les chaînes de télévision sans lesquelles le hockey professionnel ne saurait survivre ! Non seulement Sportsnet et TVA Sports subiront des pertes considérables en présentant du hockey à coeur de jour en plein été, mais quelles proportions prendront les pertes de TVA Sports si les Canadiens sont éliminés rapidement ?
« Je serai inquiet pour mon sort le jour où j’irai sur une patinoire et que l’amphithéâtre demeurera silencieux », a déjà déclaré Gary Bettman. C’est exactement ce qui se produira, monsieur le commissaire, si vous mettez les pieds sur la glace du Scotia Bank Arena de Toronto où on joue actuellement à huis clos.