Les Québécois fous de VR
Les Québécois se sont rués vers la location de véhicules récréatifs, créant une véritable pénurie
Le coronavirus a chamboulé les vacances de plusieurs Québécois qui sont plus nombreux que jamais à avoir choisi de louer un véhicule récréatif (VR), au point où certaines entreprises n’en ont plus avant septembre.
« Nous faisons 500 départs en location par été. Au plus fort, cette année, nous avons eu 150 appels par jour, le double de l’année dernière, et c’est à part les demandes par internet! » lance Nanny Déry, responsable de la location chez VR St-Cyr, à Beloeil.
« On a commencé la saison avec deux mois de retard, et au début, nous avons eu beaucoup d’annulations. Beaucoup ont reporté leur location pour 2021 », ajoute Mme Déry, dont l’entreprise a encore quelques véhicules pour la fin août, début septembre, sinon, le carnet était plein jusqu’à la fin septembre.
« C’est débile ! C’est une nouvelle clientèle qui n’a aucune connaissance dans le VR et c’est beau de la voir aller », lance Mathieu Hérard, directeur général chez VR Soulière, à Lavaltrie.
« Nous avions décidé de ne louer que des motorisés, mais devant l’achalandage, cette année, nous avons remis une trentaine de roulottes en location. J’aimerais avoir plus de motorisés, mais les usines ne fournissent pas. Je n’ai plus rien de disponible avant le 20 septembre », déclare-t-il.
SAISON SAUVÉE
Avec ses 1000 véhicules, CanaDream est le plus gros loueur de VR au pays. Les touristes québécois « ont limité les dégâts », admet Christian Léveillée, directeur pour l’est du Canada.
« Notre clientèle est habituellement à 80 % ou 85 % européenne. Cette année, c’est 100 % québécois. Nous sommes à 98 % complets jusqu’à fin août », dit celui dont l’entreprise a pignon sur rue à Mirabel.
Pour parvenir à ce changement de clientèle, CanaDream a notamment établi des partenariats avec le CAA-Québec et les agences de voyages de Transat.
« C’est pour nous une façon de répondre aux demandes de nos membres et de s’adapter à ce que les gens peuvent et veulent faire cet été. Le VR s’est rapidement avéré être une solution rêvée », analyse Pierre-Olivier Fortin, conseiller en communication au CAA-Québec.
Chez Roulotte E. Turmel, à Château-Richer, la situation n’a cependant guère changé. L’entreprise loue des roulottes de 22 à 30 pieds qui nécessitent un véhicule avec une bonne capacité de remorquage. « Les locations pour les semaines de la construction ont été complétées en mars et avril, comme par le passé. Nous avons davantage de demandes de dernière minute. J’ai des disponibilités pour la deuxième semaine d’août », affirme la présidente de l’entreprise, Suzie Turmel.
Même certains propriétaires sont sollicités. « J’ai reçu quatre offres cet été pour louer mon véhicule, entre 200 $ et 285 $ par jour », lance, toujours un peu surpris, Sébastien Larente, de Saint-Adèle.
VENTES EN HAUSSE
En août 2019, M. Larente a fait l’acquisition d’un classe C de 21 pieds de 1992 pour 10 750 $, son premier VR. Le véhicule étant intensivement utilisé par la famille cet été, il a pour le moment refusé ces offres. Mais il compte réévaluer sa position à la fin de la saison, d’autant que des applications, telles que RVEzy, facilitent maintenant ce genre d’opérations.
Les ventes se portent aussi très bien. « C’est complètement fou. Je ne sais pas si on va en vendre plus que l’an dernier, parce qu’on va manquer d’inventaire. Par contre, on va rattraper le retard », avance Josée Bédard, présidente de Roulottes Chaudière, à Lévis et à Alma, et de l’Association des commerçants de véhicules récréatifs du Québec.
« Comme il s’agit beaucoup de nouveaux acheteurs, les gens n’ont pas de véhicule en échange et nous avons moins d’usagés. » À cela, elle ajoute le manque de personnel, évoquant la PCU, qui a eu un impact sur le service.
« La demande est excessivement forte. Il y a beaucoup de gens qui en sont à leur première expérience dans le VR. C’est incroyable, on voit le marché changer. La demande est beaucoup dans des petits véhicules. Dans classe C, la demande est extraordinaire, la classe B est en progression et les petites roulottes sont très populaires. On manque de véhicules », explique Serge Trudeau, directeur général de VR St-Cyr, qui est dans le domaine depuis 24 ans.