Le président du Liban évoque un missile
Il a parlé de cette possibilité hier trois jours après l’horreur qui s’est abattue sur la capitale
BEYROUTH | (AFP) Le président du Liban a affirmé hier, que la giganteste explosion qui a détruit une grande partie de la capitale de son pays pourrait avoir été causé par de la négligence ou un missile, mais a refusé qu’une enquête internationale soit menée
« Il est possible que cela ait été causé par la négligence ou par une action extérieure, avec un missile ou une bombe », a déclaré hier à la presse le président Michel Aoun.
Les autorités affirmaient en choeur jusqu’à présent qu’un incendie dans un dépôt de 2700 tonnes de nitrate d’ammonium en était à l’origine.
Cette substance chimique dangereuse était stockée depuis six ans « sans mesures de précaution », de l’aveu même du premier ministre, Hassane Diab.
Après des accusations à son encontre dans les médias et sur les réseaux sociaux, l’influent mouvement du Hezbollah a « nié catégoriquement » posséder un « entrepôt d’armes » dans le port de Beyrouth.
« Ni entrepôt d’armes, ni entrepôt de missiles [...] ni une bombe, ni une balle, ni nitrate », a martelé le chef de l’organisation chiite Hassan Nasrallah.
Selon le dernier bilan, l’explosion a fait au moins 154 morts, plus de 5000 blessés, des dizaines de disparus et des centaines de milliers de sans-abri.
ENQUÊTE REFUSÉE
Le président français Emmanuel Macron a réclamé une enquête internationale « transparente » lors d’un déplacement jeudi à Beyrouth, tout en appelant les dirigeants libanais à « changer le système ».
M. Aoun a d’ailleurs reconnu hier qu’il était nécessaire de revoir un régime politique « paralysé », car « basé sur le consensus ».
Ce dernier, à la tête d’un pouvoir conspué par une grande partie de l’opinion publique, a rejeté hier les appels à l’ouverture d’une enquête internationale, car elle « diluerait la vérité ».
Signe d’un ras-le-bol de la population, deux ministres de l’État libanais ont voulu aller donner un coup de main dans les rues de Beyrouth pour aider au nettoyage ont été violemment pris à parti par des volontaires qui déblayaient les décombres. « Démissionne », « préparez la potence », ont hurlé certains, contraignant le ministre de l’Éducation Tarek Majzoub à repartir, son balai à la main.
DE L’AIDE DE PARTOUT
L’organisation internationale de coopération policière Interpol a annoncé hier l’envoi d’une équipe d’experts spécialisés dans l’identification des victimes afin d’aider les autorités locales.
Le président français a annoncé l’organisation prochaine d’une conférence d’aide humanitaire d’urgence pour le Liban, en plein naufrage économique depuis des mois. La Commission européenne compte y participer et l’Union européenne a déjà débloqué 33 millions d’euros.
Sans attendre, plusieurs pays ont dépêché du matériel médical et sanitaire ainsi que des hôpitaux de campagne.
L’Organisation mondiale de la santé s’est en effet inquiétée de la saturation des hôpitaux déjà mis à mal par la pandémie de nouveau coronavirus, des pénuries de médicaments et d’équipements médicaux, réclamant quinze millions de dollars.