Le Journal de Montreal

Des cégépiens hésitent à retourner en classe

- DAPHNÉE DION-VIENS

Le spectre d’une hausse du décrochage hante les cégeps à l’approche de la rentrée. Des étudiants hésitent à poursuivre leurs études collégiale­s alors qu’une bonne partie de l’enseigneme­nt se fera à distance.

Au cours des dernières semaines, des cégeps ont multiplié les contacts avec leurs étudiants, et les hésitation­s sont bien réelles, a-t-on constaté.

« On a déjà des signaux qui nous indiquent qu’il y a un peu plus de jeunes qui sont hésitants, c’est pour ça qu’on a raison d’être inquiet », affirme Bernard Tremblay, président-directeur général de la Fédération des cégeps. On craint beaucoup ce décrochage-là, on sait qu’il y en aura plus qu’en temps normal. »

« MOINS MOTIVANT »

Dans les rangs de la Fédération étudiante collégiale du Québec, tout le monde dans l’équipe connaît au moins un jeune qui se demande s’il retournera en classe cet automne, indique-t-on.

« C’est clair que de suivre un parcours d’enseigneme­nt collégial dans les conditions actuelles, c’est moins motivant, affirme sa présidente, Noémie Veilleux. En temps normal, la formation à distance est optionnell­e, alors que dorénavant elle va être obligatoir­e pour la vaste majorité de la population étudiante. »

Des étudiants attendent toutefois de savoir dans quelle proportion l’enseigneme­nt se fera à distance dans leurs cours avant de prendre une décision, puisque les formules varieront selon les collèges et les programmes d’études. Ce n’est qu’à la fin août, lorsque les cégeps rouvriront leurs portes, qu’il sera possible de savoir si les étudiants inscrits seront bel et bien présents.

LES ÉTABLISSEM­ENTS SE MOBILISENT

De leur côté, les cégeps multiplien­t les initiative­s pour s’assurer que les étudiants soient au rendez-vous cet automne.

Au cégep Limoilou par exemple, tous les enseignant­s organisero­nt une rencontre chaque semaine avec leurs étudiants, en présence ou en ligne, afin de favoriser leur motivation et leur réussite. Au cégep de Lévis-Lauzon, tous les nouveaux étudiants auront droit à des journées d’accueil en présence, sur le campus.

Selon Michel Perron, expert en matière de persévéran­ce scolaire, il faut se préoccuper particuliè­rement des nouveaux étudiants, de ceux qui étaient déjà en difficulté et des jeunes au parcours profession­nel moins bien défini, comme les étudiants en sciences humaines ou ceux en accueil et intégratio­n (un parcours rebaptisé Tremplin DEC), où le taux de réussite est historique­ment plus bas que la moyenne.

Plusieurs intervenan­ts pressent par ailleurs la nouvelle ministre de l’Enseigneme­nt supérieur, Danielle McCann, d’injecter des fonds supplément­aires afin d’aider les étudiants à s’adapter à ce contexte exceptionn­el.

Au cabinet de Mme McCann, on indique que des sommes additionne­lles pourraient être annoncées sous peu.

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