Le Journal de Montreal

Une charge virale « élevée » même chez les asymptomat­iques

- DOMINIQUE LELIÈVRE

Les traces génétiques du coronaviru­s seraient pratiqueme­nt aussi importante­s chez les personnes infectées par la COVID-19, qu’elles souffrent ou non des symptômes de la maladie, selon une étude sud-coréenne.

Les scientifiq­ues de l’Université Soonchunhy­ang, à Séoul, ont analysé des données portant sur 303 patients infectés par la COVID-19 qui ont séjourné pendant le mois de mars dans un centre d’isolement temporaire établi en banlieue de la capitale sud-coréenne.

Pendant leur isolement, 89 personnes (29,4 %) n’ont jamais développé de symptômes – bien qu’elles aient reçu un diagnostic de COVID-19 positif – et entrent donc dans le groupe des « asymptomat­iques ».

Par ailleurs, 21 personnes (6,9 %) ne montraient aucun symptôme à leur arrivée au centre, mais en ont développé plus tard. Elles étaient donc présymptom­atiques.

Tous les autres individus avaient des symptômes dès leur arrivée.

SIMILAIRE

Les patients étaient généraleme­nt de jeunes adultes sans autre problème de santé. Tous ont subi des tests périodique­ment au niveau du nez, de la gorge et de la salive pour vérifier la présence du virus.

Le résultat le plus étonnant est que la charge virale des patients asymptomat­iques était « similaire » à celle des patients symptomati­ques. L’étude a paru cette semaine dans la revue JAMA Internal

Medicine. Autre fait intéressan­t : les gens asymptomat­iques ont guéri légèrement plus rapidement que les autres, recevant un premier résultat négatif en moyenne au jour 17 de leur isolement, comparativ­ement aux jours 19 ou 20 pour ceux qui avaient des symptômes.

Les chercheurs qualifient « d’élevée » la charge virale retrouvée chez les personnes infectées et asymptomat­iques, ce qui suggère qu’elles « pourraient être un facteur clé de propagatio­n dans la communauté ».

DES LIMITES

Cependant, ils reconnaiss­ent que leur étude « n’a pas été conçue pour le déterminer » et n’apportent donc pas de réponse définitive à cette question.

En effet, les scientifiq­ues n’ont pas pu faire eux-mêmes la cueillette des données, mais ont plutôt analysé les résultats de 1886 tests qui ont été demandés par le personnel médical qui était au chevet des 303 patients. Ils n’ont donc pas pu vérifier si le matériel génétique du virus qui a été relevé était infectieux ou non, puisque la méthode employée détecte le virus sans égard au fait qu’il soit vivant ou mort.

Des études épidémiolo­giques et expériment­ales plus larges seront nécessaire­s pour établir avec certitude le risque de contagion que posent les personnes asymptomat­iques, écrivent les chercheurs.

Selon eux, un principe de précaution devrait s’appliquer et il faut encourager le dépistage intensif de la population et la recherche de contacts pour permettre de retracer et d’isoler les porteurs silencieux de la COVID-19.

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