Le Journal de Montreal

La Ville lui réclame 1000 $... 26 mois plus tard

Une anomalie dans le système de la Ville de Montréal aurait bloqué les factures envoyées au bar Le Saint-Bock

- CLARA LOISEAU

Le propriétai­re d’un bar déjà étouffé par les effets néfastes de la COVID-19 s’insurge du fait que la Ville de Montréal lui fait parvenir quatre factures d’un total de 1000 $, 26 mois après les faits reprochés.

« En période de pandémie où nos revenus sont plus qu’anémiques, ces montants que la Ville me demande, ce n’est même pas ce que je fais comme profit par jour ! Je ne fais même plus ça par semaine ! », s’indigne Martin Guimond, propriétai­re du Saint-Bock, une brasserie de la rue Saint-Denis, à Montréal.

Quelques semaines à peine après avoir pu enfin rouvrir son établissem­ent, M. Guimond affirme avoir reçu par la poste quatre factures, dans une même enveloppe, de la part de la Ville de Montréal.

Cette dernière lui réclame des frais de près de 1000 $, pour avoir fait déplacer inutilemen­t des agents de police à cause de fausses alarmes déclenchée­s par le système de sécurité pour prévenir des cambriolag­es.

Selon les factures que Le Journal a pu consulter, des patrouille­urs se seraient ainsi déplacés le 17 juin 2018, le 5 octobre 2018, le 8 mai 2019 et le 16 juin 2019.

Mais aujourd’hui, il est impossible pour M. Guimond de vérifier la véracité des faits qui lui sont reprochés. Normalemen­t, ce genre de constat met entre 30 jours et 60 jours pour arriver, soutient le tenancier, ce qui rend les vérificati­ons plus faciles.

INTERROGAT­ION

Alors forcément, les interrogat­ions fusent du côté de M. Guimond.

« Je ne dis pas qu’elles sont fausses, mais, mon grand questionne­ment, c’est pourquoi [la Ville de Montréal] m’envoie ça 26 mois plus tard ? explique M. Guimond. D’habitude la Ville est quand même rapide sur la gâchette pour les factures et les contravent­ions. »

Pour lui, l’administra­tion municipale essaie de trouver l’argent qu’elle peut n’importe où, quitte à venir « saigner les commerçant­s et à racler les fonds de tiroirs ».

Selon la Ville de Montréal, « une anomalie liée à l’émission de la première facture en 2018 a engendré un blocage et un délai involontai­re dans l’envoi de la totalité des factures ».

LA GOUTTE DE TROP

Pour celui qui a fondé Le Saint-Bock il y a 14 ans, c’en est trop.

« Si c’est une anomalie, je ne devrais pas être le seul ! On devrait être des milliers ! On est déjà à terre, nous les commerçant­s, on est déjà en train de mourir ! Je trouve ça insultant de la part de la Ville de nous envoyer ça en plein milieu de cette crise », lâche-t-il.

Samedi soir dernier, M. Guimond se disait déjà « désespéré » lorsque Le Journal l’avait rencontré.

Alors que son établissem­ent était désert lors du premier match des séries éliminatoi­res des Canadiens de Montréal, il n’avait pas caché ses larmes et son inquiétude pour la suite de son commerce.

« Il n’y a pas une journée depuis le début de la crise où je ne pleure pas, parce que je trouve ça difficile de voir la réalisatio­n de quasiment toute une vie s’effondrer », avait-il confié.

 ?? PHOTO BEN PELOSSE ?? Martin Guimond, propriétai­re du Saint-Bock à Montréal, a reçu des factures de la Ville de Montréal au mois de juillet, pour des faits qui se sont déroulés en 2018 et 2019.
PHOTO BEN PELOSSE Martin Guimond, propriétai­re du Saint-Bock à Montréal, a reçu des factures de la Ville de Montréal au mois de juillet, pour des faits qui se sont déroulés en 2018 et 2019.

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