Le Journal de Montreal

Libre 4 ans avant la fin de sa peine

Une gifle au visage de la mère d’une des victimes du chauffard guatémaltè­que qui a été renvoyé dans son pays

- NICOLAS SAILLANT

Le chauffard guatémaltè­que, condamné à sept ans de détention après avoir enlevé la vie à deux jeunes Beaucerons, a été retourné dans son pays après seulement trois ans de détention. « Une claque sur la gueule » pour la mère d’une des victimes, qui vient d’apprendre sa libération.

Le 22 août prochain marquera un triste anniversai­re pour Vicky Coulombe. Cela fera cinq ans que son fils Dereck Bolduc-Coulombe a été fauché à mort par un travailleu­r étranger ivre au volant.

Cette soirée-là, Pedro-Antonio OvalleLeon roulait à 130 km/h en contresens sur la route 171 à Scott, en Beauce. Il avait aussi plus du double de la limite permise d’alcool dans le sang et il était sous l’effet de méthamphét­amine.

Il a alors percuté de plein fouet une voiture dans laquelle se trouvaient quatre jeunes. Louis-David Fournier et Dereck Bolduc-Coulombe, âgés de 19 ans, sont décédés, tandis que deux autres passagers ont été gravement blessés.

TROIS ANS EN PRISON

Ovalle-Leon, aujourd’hui âgé de 36 ans, a reçu une peine de sept ans de prison après avoir plaidé coupable. Un avis d’expulsion a ensuite été émis le 9 mars 2017 puisque ce dernier n’avait plus de statut au pays.

Or, le 24 août 2018, trois ans presque jour pour jour après avoir tué deux jeunes, Ovalle-Leon s’est vu accorder une libération conditionn­elle totale par la Commission des libération­s conditionn­elles du Canada.

À peine quelques jours plus tard, en vertu de deux décisions, le Guatémaltè­que a été renvoyé dans son pays après avoir purgé seulement trois ans de détention.

Des agents de l’Agence des services frontalier­s du Canada l’ont escorté jusqu’à son vol de retour. L’Agence s’est refusée à tout commentair­e, préférant protéger la vie privée du délinquant. Rappelons que la première année et demie de sa peine a été calculée en temps et demi.

LES VICTIMES ESTOMAQUÉE­S

C’est Le Journal qui a appris la nouvelle de la déportatio­n du délinquant à la mère de Dereck Bolduc-Coulombe, quelques jours après l’anniversai­re du jeune homme, qui aurait eu 24 ans. « Je ne le savais pas du tout, a lâché Vicky Coulombe, c’est une claque sur la gueule. »

La dame aurait pu suivre les démarches de la Commission des libération­s concernant celui qui a tué son fils, mais elle avoue ne pas avoir eu le courage de faire les démarches au moment opportun. « Ça ne m’intéressai­t pas ».

Mélinda Guay-Dionne, une « miraculée » de l’accident, n’était également pas au courant du retour à la vie normale de OvalleLeon. « Ayoye », a lâché la jeune femme aujourd’hui déclarée invalide.

« Je lui en veux vraiment beaucoup encore, il a changé ma vie à jamais », ditelle, toujours en colère cinq ans plus tard.

Le fait que le chauffard soit libre depuis près deux ans a choqué la mère de la victime.

« Il est ben, hein… Eux, ils s’en sortent, mais les familles s’en sortent jamais de ça. »

Les cinq années passées sans Dereck ont été difficiles pour la mère.

« C’est cinq ans à se poser des questions », illustre-t-elle.

« Qu’est-ce qu’il ferait dans la vie, est-ce qu’il aurait un appartemen­t ? J’aurais aimé connaître l’évolution », regrette sa mère.

 ??  ?? 1
1
 ??  ?? 2
2
 ?? PHOTOS SIMON CLARK ET D’ARCHIVES, STEVENS LEBLANC ET AGENCE QMI ?? 3 1. La mère de la victime, Vicky Coulombe, pleure les cinq ans du décès de son fils Dereck. 2. Le véhicule conduit par l’accusé au moment de l’accident. 3. L’accusé, Pedro-Antonio Ovalle-Leon, lors de sa comparutio­n.
PHOTOS SIMON CLARK ET D’ARCHIVES, STEVENS LEBLANC ET AGENCE QMI 3 1. La mère de la victime, Vicky Coulombe, pleure les cinq ans du décès de son fils Dereck. 2. Le véhicule conduit par l’accusé au moment de l’accident. 3. L’accusé, Pedro-Antonio Ovalle-Leon, lors de sa comparutio­n.

Newspapers in French

Newspapers from Canada