Une épopée inachevée
Acclamée de toutes parts lors de sa diffusion au printemps 2010, récipiendaire de neuf trophées Gémeaux, la série Musée Éden s’est conclue sur une note inachevée au bout de neuf épisodes. Retour sur une aventure qui, télévisuellement parlant, a pris des allures de coït interrompu.
La saga historique et policière mettant en vedette Mariloup Wolfe et Laurence Leboeuf est présentement rediffusée à Unis TV pour la première fois depuis sa présentation originale à Radio-Canada, il y a 10 ans.
Malgré la grande qualité du projet, c’est surtout de sa fin abrupte qu’on se souvient une décennie plus tard. La première saison terminée, les téléspectateurs autant que les artistes et artisans de Musée Éden espéraient une suite.
RAISONNABLES
Or, trop coûteuse à produire, la fresque réalisée par Alain DesRochers, qui réunissait aussi des talents chevronnés à la Guy Nadon, Benoît Brière, Éric Bruneau et autres, s’est finalement éteinte après plusieurs années d’espoirs vains.
Et ce, même si Radio-Canada n’a jamais opposé un refus définitif à une finale digne de ce nom. On se souvient d’ailleurs que l’antenne publique avait étalé sur deux années fiscales le financement de Musée Éden, dont le coût d’un seul épisode d’une heure était estimé à 956 000 $.
« Mais, à un moment donné, il a fallu se rendre à l’évidence », raconte en entrevue l’auteur, Gilles Desjardins (Mensonges, Les pays d’en haut) qui signait avec Musée Éden sa première oeuvre de fiction.
TRIPTYQUE
À l’origine, Gilles Desjardins avait conçu comme un triptyque son histoire des soeurs Camille et Florence Courval, parties du Manitoba pour récupérer leur héritage, campé dans un quartier peu glorieux de Montréal au début des années 1900 : un musée de cire spécialisé dans l’actualité criminelle.
« J’avais voulu faire un portrait de la société québécoise en 1910 à partir de trois thématiques, se souvient le créateur. La première, c’était la condition féminine. La deuxième saison devait être celle de la condition de l’enfance, et la troisième, de l’immigration. Montréal était déjà une ville très multiethnique en 1910. »
Gilles Desjardins considère quand même comme un « gros coup de chance » d’avoir pu mener à terme le premier volet de Musée Éden, qui avait été accepté à Radio-Canada après huit ans de discussions.
L’homme a ensuite songé à poursuivre son épopée sous forme de film, de roman ou même de bande dessinée.
« Puis, je n’ai pas investi là-dedans. Mon métier, c’est vraiment la télévision. Mais l’univers aurait été assez riche… »