Ça y est. C’est dit. Enfin.
Ça y est. Hier, François Legault l’a enfin dit : « On va devoir vivre avec le virus pendant encore plusieurs mois ». En pleine deuxième vague, la remarque bien calculée du premier ministre tient certes du secret de Polichinelle.
Qu’il le dise ouvertement n’en est pas moins important pour la suite des choses. Car bien au-delà du « défi 28 jours », les Québécois devront attacher leurs tuques (et leurs masques) jusqu’à l’arrivée possible d’un vaccin.
Lorsqu’on sera en plein hiver – déjà un confinement en soi pour moult Québécois –, le gouvernement devra aussi s’assurer de communiquer ses consignes beaucoup plus clairement et de manière plus transparente.
Sinon, l’adhésion déjà chancelante d’une partie de la population risque de l’être encore plus. Ce même manque de clarté explique d’ailleurs pourquoi, de plus en plus, la question se pose : qui décide quoi, comment et sur quelles données ?
Elle se pose parce que le Québec demeure l’épicentre canadien du virus. Qui décide des consignes et des couleurs changeantes d’alerte des régions ? Le premier ministre ? Le ministre de la Santé ?
Le patron de la Santé publique, Horacio Arruda, un sous-ministre adjoint ? L’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), indépendant du politique ?
LE POLITIQUE DISPOSE
Bref, si la communication des mesures sanitaires est confuse, le processus décisionnel le serait-il lui aussi ? D’autant plus que les échanges entre le Dr Arruda et le premier ministre ne sont pas répertoriés.
Le dernier exemple touche les écoles. Radio-Canada rapportait hier que l’INSPQ, pour ralentir la propagation du virus, recommandait de réduire de moitié le nombre d’élèves en classe pour les 4e et 5e secondaire.
Résultat : branle-bas de combat. Pourquoi Jean-François Roberge, ministre de l’Éducation, se refuse-t-il à le faire ? La réalité est que l’INSPQ propose et le politique dispose.
Si les classes débordent comme avant la pandémie, c’est parce que le politique sait que le réseau scolaire public est trop faible en ressources pour faire autrement.
TRANSPARENCE
En cela, la pandémie continue d’exposer jusqu’où les deux piliers de l’État québécois – éducation et santé – ont été réduits au statut peu enviable de colosses aux pieds d’argile. Les raisons, elles, sont connues.
Les scientifiques conseillent, mais le gouvernement décide. En bout de piste, le premier ministre tranche. Parfois bien. Parfois moins bien. Le pouvoir est le sien. Comme il se doit, il en est imputable devant la population.
D’où les demandes pour plus de transparence dans le « pourquoi » et le « comment » des décisions et des consignes sanitaires. D’autant plus que nous entrons déjà dans le 8e mois d’une pandémie mondiale, dont la date d’extinction dépassera de loin celle de Noël.
Huit mois, ça commande aussi un système nettement plus efficace de dépistage et de traçage – selon les experts –, le nerf de la guerre.
Sans compter la fin, promise depuis le printemps, de la mobilité du personnel entre établissements. Laquelle, on le sait, en fait de redoutables vecteurs de contagion.
Pour tenir le coup, plus de gens doivent mieux comprendre sur quelles bases on les enjoint, avec raison, de réduire leurs contacts sociaux au max, de porter le masque et de garder leurs distances.