Le Journal de Montreal

Avant de devenir le grand patron, il faut avoir travaillé sur le plancher

Des milliers d’entreprene­urs devront vendre leur entreprise à la relève

- FRANCIS HALIN Plus de 35 % des entreprise­s qui ont fait appel au CTEQ récemment avaient un chiffre d’affaires de plus de 1 million $.

Parmi les 40 000 entreprise­s qui devront changer de mains d’ici deux ans pour survivre, certaines ont déjà passé le flambeau, comme le fabricant de vitres brevetées Unicel Architectu­ral.

« Si tu prends tes enfants, tu leur donnes un gros salaire et tu les mets boss, tu ne leur rends pas service parce qu’ils n’auront pas le respect des employés. Pour gagner le respect des autres, faut que tu commences par te lever les manches et que tu travailles à l’usine », lance Jean-François Couturier, patron d’Unicel Architectu­ral, un fabricant de vitres brevetées pour hôpitaux de la Rive-Sud de Montréal.

Fondée en 1964, la PME de près d’une centaine d’employés a son siège socialusin­e à Longueuil et une deuxième usine à Portneuf, près de Québec. Son produit vedette est une unité de verre scellée brevetée, qui ressemble à un rideau coincé entre deux vitres, qui fait le bonheur du milieu hospitalie­r.

« On a vendu ce produit-là dans près de 1000 hôpitaux aux États-Unis et à travers le monde. Au Québec, on a fait le nouveau pavillon de l’hôpital Sainte-Justine ou de Saint-Jean-sur-le-Richelieu », souligne avec fierté son fils Vincent Couturier, 30 ans, directeur des opérations.

Unicel Architectu­ral a d’importants clients aux États-Unis, mais aussi au Mexique, aux Émirats arabes unis, en Finlande et en Asie.

« On fait aussi des structures d’aluminium et de bois architectu­rales. À l’hôpital SacréCoeur, le projet inclut à la fois nos structures d’aluminium et nos produits de vitrage spécialisé­s », souligne le beau-fils de Jean-François Couturier, Samuel Doyon-Bissonnett­e, 30 ans, qui développe les produits.

PRÉPARATIO­N

Quand on demande à Jean-François Couturier comment il a réussi à passer le flambeau, il répond que son fils et son beaufils sont passés par le Collège Brébeuf, l’Université McGill et l’École d’Entreprene­urship de Beauce.

« Le secret, c’est qu’ils ont dû commencer à la base et apprendre les rudiments du métier », insiste l’homme de 61 ans, qui a été épaulé par Desjardins Capital dans la transactio­n.

« Quand on rentre majoritair­e à l’actionnari­at, ce n’est pas pour commencer à opérer l’entreprise et prendre la place des équipes, qui font déjà très bien leur travail, il faut être là en accompagne­ment », analyse Yves Calloc’h, chef de l’exploitati­on de Desjardins Capital.

« Ça fait partie de notre ADN de tout faire pour garder ces entreprise­s-là au Québec », poursuit celui qui s’est joint à l’équipe de Desjardins Capital en 2006.

Pour Vincent Lecorne, PDG du Centre de transfert d’entreprise du Québec (CTEQ), qui aide les propriétai­res-dirigeants d’entreprise à trouver un repreneur, la crise sanitaire actuelle vient brouiller les cartes.

« Certains vont continuer, d’autres vont retarder le transfert, ou l’accélérer, mais d’autres vont abandonner, et mettre la clé sur la porte », s’inquiète-t-il.

Selon lui, mieux vaut préparer le coup. « La crise leur rentre dedans. Ç’a un impact énorme sur leur décision. Soit ils font un pas en avant et vendent peut-être à perte, soit ils font un pas en arrière et attendent, mais combien de temps ? Qui sait quand cette crise-là va finir ? », se demande-t-il.

« POUR GAGNER LE RESPECT DES AUTRES, FAUT QUE TU COMMENCES PAR TE LEVER LES MANCHES ET QUE TU TRAVAILLES À L’USINE » – Jean-François Couturier, fondateur d’Unicel Architectu­ral

 ?? PHOTO COURTOISIE, ALEX GODBOUT-SIMARD ?? Samuel Doyon-Bissonnett­e (30 ans), Jean-François Couturier (61 ans) et Vincent Couturier (30 ans) ont travaillé pendant trois ans au transfert de l’entreprise. On les voit devant le siège social, à Longueuil.
PHOTO COURTOISIE, ALEX GODBOUT-SIMARD Samuel Doyon-Bissonnett­e (30 ans), Jean-François Couturier (61 ans) et Vincent Couturier (30 ans) ont travaillé pendant trois ans au transfert de l’entreprise. On les voit devant le siège social, à Longueuil.

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