Le Journal de Montreal

Décapité... Oui mais...

- SOPHIE DUROCHER sophie.durocher @quebecorme­dia.com

Vous avez été dégoûté, révolté par la décapitati­on du professeur Samuel Paty par un terroriste islamiste en France ? Bien sûr !

Mais est-ce qu’il vous viendrait à l’esprit de trouver des circonstan­ces atténuante­s au tueur ? Autrement dit, diriezvous : « C’est dégueulass­e… oui, mais… » ?

Non, bien sûr !

C’est pourtant ce qu’on a entendu sur les ondes de Radio-Canada quelques jours après le drame.

UNE CARICATURE

Vous avez été très nombreux à réagir à ma chronique de lundi sur le « biais » idéologiqu­e de Radio-Canada. Vous avez été nombreux à me dire à quel point, à la radio et à la télévision publiques, le jupon de la rectitude politique dépasse. Eh bien, on en a eu un très bel exemple il y a une semaine à l’émission littéraire Plus on est de fous, plus on lit.

Le 20 octobre, Marie-Louise Arsenault recevait le philosophe et essayiste français Michel Onfray, qui venait présenter son dernier bouquin,

La vengeance

du pangolin .Ona eu droit à une leçon de bien-pensance de la part de l’animatrice qui semblait outrée qu’Onfray ose dire que l’islam était un problème en France.

Quand Onfray lui a rappelé que la tête décapitée d’un enseignant avait été montrée sur les médias sociaux quatre jours auparavant, voici ce que Marie-Louise Arsenault lui a répondu : « Vous faites référence à un événement troublant, tragique, extrêmemen­t violent, cette décapitati­on d’un prof ». La question qu’on pourrait se poser aussi c’est : « Est-ce que ce jeune homme est vraiment un représenta­nt de cette religion-là ou n’est-il pas plutôt le représenta­nt d’une certaine radicalisa­tion qui a à voir avec le contexte politique et sociologiq­ue de la France ? »

La France se fait attaquer de la façon la plus abjecte qui soit, mais il faudrait qu’elle se sente coupable d’être la cible des terroriste­s ? C’est la faute au « contexte sociologiq­ue » français qu’un enseignant de 47 ans ait été décapité par un terroriste islamiste ?

Puis Marie-Louise Arsenault a ajouté : « Est-ce que la France est capable d’examiner les raisons pour lesquelles ce genre d’individus apparaisse­nt ? »

C’est comme dire à une fille agressée : « Est-ce que Francine est capable d’examiner les raisons pour lesquelles ce genre d’individus violeurs apparaisse­nt ? »

Ce n’est pas tout. Alors que Michel Onfray lui fait une liste non exhaustive des attentats des dernières années, Arsenault l’interrompt d’un ton agacé, pour lui dire : « Il y a des crimes misogynes qui sont perpétrés chaque jour, il y a toutes sortes de crimes aussi, Michel ». Cette façon de relativise­r un attentat, comme si c’était un crime comme un autre, c’est désolant.

Depuis 2012, 263 personnes sont mortes en France dans des attentats terroriste­s islamistes : des enfants tués devant une école juive à Toulouse, puis les morts de Charlie

Hebdo, puis les morts de l’Hyper Cacher, puis le Bataclan, puis 86 morts dans l’attentat au camion bélier à Nice, puis un prêtre égorgé, puis quatre morts dans une préfecture de police.

Mais tout ce que Marie-Louise Arsenault trouve à dire quand un prof est égorgé, c’est que la France doit se demander pourquoi elle fait « apparaître » des terroriste­s ?

PLUS ON EST IDÉOLOGIQU­E

Quand j’écoute une émission sur les livres, je m’attends à ce qu’on me parle de livres. Pas qu’on tente de rééduquer les invités qui osent dévier du catéchisme « woke ».

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Samuel Paty
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