Le Journal de Montreal

La prison à vie pour un fils qui a tué son père violent

Une ultime chicane pour une pointe de tarte a mené à la mort de l’aîné

- CLAUDIA BERTHIAUME Loïc René a été condamné à la prison à vie, sans possibilit­é de libération conditionn­elle avant 10 ans.

SOREL-TRACY | Un homme de la Rive-Sud, battu par son père toute son enfance, a été condamné à la prison à vie hier pour s’être vengé en étranglant celui-ci lors d’une ultime chicane autour d’une pointe de tarte.

« Les monstres engendrent des monstres. C’est aussi simple que ça. »

C’est de cette façon que Loïc René a résumé son crime à sa mère, peu de temps après avoir tué son père, le 18 août 2018.

Hier, l’homme de 56 ans a été déclaré coupable de meurtre, au palais de justice de Sorel-Tracy.

Loïc René a « snapé » lors d’une énième prise de bec avec son père Guy, à la résidence de celui-ci, à Yamaska, en Montérégie.

Après le dîner, l’aîné de 76 ans est allé faire une sieste tandis que son fils s’est réchauffé un morceau de tarte au four à micro-ondes. Réveillé par le bruit émanant de la cuisine, le père est sorti de ses gonds.

« Là, tu m’as carrément fait chier. T’es pas normal, va te faire soigner », a lancé l’ancien directeur d’école à son fils, malgré les excuses de ce dernier.

FRAPPÉ 30 FOIS POUR AVOIR VOLÉ 30 $

Le quinquagén­aire a répliqué que son père était mal placé pour parler, lui qui l’a frappé 30 fois au visage pour le punir d’avoir volé 30 $ à l’âge de 12 ans.

« Tiens, en v’là un autre », a laissé tomber la victime, en frappant son fils une fois de plus.

La chicane s’est envenimée, Loïc René a empoigné un couteau de boucher, mais il a fini par se calmer.

Les deux hommes ont convenu que Guy René irait reconduire son fils au terminus d’autobus pour qu’il retourne chez lui à Longueuil.

Mais au moment de partir, l’aîné a nargué son fils une fois de trop.

« Si tu veux te battre, je suis prêt, c’est quand tu veux », a-t-il craché.

Pour Loïc René, c’est là que « les fils se sont touchés ». Il a poussé son père au sol, l’a frappé au visage avec ses pieds, puis ses poings, avant de l’étrangler.

« TROU DE CUL »

« T’es un cr*** de trou de cul », a-t-il soufflé à la victime avant qu’elle ne rende son dernier souffle.

Le tueur s’est ensuite rendu à la police. Il a dit aux enquêteurs qu’il se sentait libre, qu’il savait que cela arriverait et que ça faisait 42 ans que c’était prémédité.

« C’était voulu. C’est peut-être ça qui fait que je dis que je suis un monstre, parce que j’ai été conscient de ce que je faisais », a-t-il dit en interrogat­oire.

Or, lors de son procès, René affirmait plutôt qu’il ne voulait pas tuer son père, mais seulement lui faire mal.

Me Marc-André Gauthier a plaidé que le trouble de la personnali­té limite de son client l’avait empêché de formuler l’intention de commettre un meurtre. Il espérait ainsi un verdict d’homicide involontai­re.

La juge France Charbonnea­u a qualifié cette nouvelle version d’« invraisemb­lable » hier, donnant raison à Me Geneviève Beaudin, de la Couronne.

« L’accusé a clairement agi par vengeance. Trois coups de poing ne suffisaien­t pas. Il fallait plus pour lui remettre toutes les souffrance­s que son père lui avait infligées », a écrit la juge dans sa décision de 67 pages.

 ?? PHOTOS D’ARCHIVES, JONATHAN TREMBLAY, ET COURTOISIE ?? Loïc René, photograph­ié ici à son arrivée au palais de justice de Sorel-Tracy, en Montérégie, lors de son procès le mois dernier, a été reconnu coupable hier du meurtre de son père Guy René (en mortaise).
PHOTOS D’ARCHIVES, JONATHAN TREMBLAY, ET COURTOISIE Loïc René, photograph­ié ici à son arrivée au palais de justice de Sorel-Tracy, en Montérégie, lors de son procès le mois dernier, a été reconnu coupable hier du meurtre de son père Guy René (en mortaise).

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