Le maire de Saint-Jérôme aurait agi « en bon père de famille »
Stéphane Maher explique pourquoi il a offert des postes à des conseillers expulsés
Si le maire de Saint-Jérôme a offert des postes « de prestige » à deux conseillers dont il aurait voulu se débarrasser, c’était « parce qu’il a du coeur » et non pour les empêcher de se représenter aux élections.
C’est ce qu’a plaidé, hier au palais de justice de Saint-Jérôme, Stéphane Maher, accusé d’avoir fait des manoeuvres électorales frauduleuses par le Directeur général des élections du Québec (DGEQ).
On reproche au maire d’avoir exclu de sa formation politique les ex-conseillers municipaux Mario Fauteux et André Mario, à la date limite du dépôt des candidatures en vue de l’élection de 2017, et de leur avoir offert des postes en compensation.
Dans un enregistrement audio réalisé par M. Fauteux à l’insu de M. Maher, dévoilé par notre Bureau d’enquête en 2019 et qui est en preuve, on entend le premier citoyen de Saint-Jérôme offrir un « emploi prestigieux » au conseiller dont il souhaite se débarrasser, en guise de « compensation ».
M. Maher a expliqué qu’il n’avait plus confiance dans les deux hommes parce qu’il les suspectait de vouloir quitter son parti une fois élus. Il a ajouté que les rencontres avec les deux hommes avaient pour seul but de les exclure de son parti. La discussion aurait ensuite bifurqué sur des suggestions d’emplois parce qu’il faisait preuve d’empathie devant le fait que les deux hommes perdaient un revenu.
« Oui, j’ai un coeur. [...] [Le plan de match était de] les aider à traverser l’épreuve en bon père de famille », a répété M. Maher à plusieurs reprises, parfois exaspéré devant l’insistance de l’avocate du DGEQ, Me Geneviève Lemay.
CONTRADICTIONS SOULEVÉES
Pendant la majeure partie de son contre-interrogatoire, Me Lemay a disséqué l’enregistrement réalisé par Mario Fauteux à l’insu de M. Maher afin de soulever des contradictions.
À plusieurs reprises, l’avocate a demandé comment il pouvait offrir des postes administratifs « à ses côtés » à des hommes en qui « il n’avait plus confiance ».
« Il ne faut pas mélanger la politique et l’administratif », a répondu M. Maher, insistant sur le fait que contrairement à ce qu’on entend dans l’enregistrement, il n’offrait pas des postes, mais suggérait à M. Fauteux qu’il pouvait continuer à s’impliquer dans la vie communautaire selon ses passions.