Une histoire digne d’un film
Des journalistes du Bureau d’enquête ont côtoyé un mafieux durant des mois
Côtoyer un narcotrafiquant parmi les plus influents du Canada, soupçonné d’avoir commis 15 meurtres, n’a rien d’une douce balade au parc, comme en témoignent les journalistes Félix Séguin et Eric Thibault dans le documentaire Scoppa et
moi, qui explore les dessous de leur relation extraordinaire avec le mafieux Andrew Scoppa.
Séguin et Thibault se confient sur leur expérience avec l’ex-parrain intérimaire de la mafia italienne montréalaise dans le livre La Source, mais aussi dans le documentaire Scoppa et moi, maintenant diffusé sur Club illico. Récit des rencontres clandestines avec Scoppa – qui agissait à la fois comme informateur de police et source journalistique avant son décès, il y a un an –, dilemmes éthiques rencontrés au fil de ces rapports : le film de plus d’une heure dépeint bien à quel point l’affaire est « digne d’un film », pour emprunter les mots de Félix Séguin.
« Les gens qui sont moins familiers avec le milieu vont saisir à quel point c’est un gros coup de recruter une source comme ça, mais vont aussi constater tout ce que ça implique au niveau de la sécurité, de la confidentialité », expose Ninon Pednault, réalisatrice de Scoppa et moi.
TRÈS AUTHENTIQUE
Félix Séguin soutient qu’il s’agit d’une première mondiale, que des représentants des médias aient eu un accès aussi privilégié à un criminel d’une telle envergure. Un homme qu’il décrit comme un « personnage extrêmement calculateur, vaniteux et contrôlant, qui jouait sur trois tableaux : le crime organisé, la police et les journalistes ».
« Dans le documentaire, on veut entendre Scoppa, indique Ninon Pednault. On entend sa voix, ses expressions. On en a beaucoup mis, parce qu’on trouve que ça nous plonge tellement dans l’atmosphère. On a les enregistrements d’une filature policière dans sa voiture, ses confessions à un autre criminel. Ça donne quelque chose de très authentique. »
Ninon Pednault s’est concentrée à bien rendre à l’écran la relation tissée à travers les années (près de six ans) entre Félix Séguin, Eric Thibault et Andrew Scoppa.
Pour ce faire, elle a ramené les deux journalistes à Barcelone, en Espagne, là où ils rencontraient Scoppa pour recueillir ses propos. Le tournage de ces segments de Scoppa et moi, à l’étranger, a été réalisé à la mi-juillet dernier, lorsque les voyages étaient permis. Ninon Pednault ne cache d’ailleurs pas que la pandémie a passablement compliqué la production du documentaire, déjà complexe à mener à terme en raison de la délicatesse des opérations montrées.