Le Journal de Montreal

LES PIRATES ATTAQUENT

Rançon de 2,8 M$ réclamée à la STM Le réseau de la santé atteint La réserve de Wendake « hackée » Les données de 8000 ingénieurs volées

- NICOLAS LACHANCE

Attaquée par hasard en raison du courriel malicieux provenant du concession­naire automobile d’un employé, la Société de transport de Montréal (STM) estime qu’elle s’en sortira sans verser un sou d’une rançon de 2,8 M$ américains.

Tout commence chez Acura Laval. Il y a quelques semaines, le concession­naire automobile de la Rive-Nord de Montréal a été victime d’une attaque informatiq­ue qui n’a pas été rendue publique.

Selon nos informatio­ns, les malfrats ont pénétré le système informatiq­ue du concession­naire et eu accès à la liste des clients et aux boîtes de courriels.

Ils avaient l’option d’effectuer facilement une deuxième attaque, en ciblant des clients ayant eu des échanges de courriel avec le concession­naire.

Les pirates ont ainsi communiqué avec plusieurs clients simultaném­ent et transmis un fichier infecté à télécharge­r.

COURRIEL PERSONNEL

Le 19 octobre 2020, un employé de la STM a consulté ce message depuis son courriel personnel et téléchargé sans le vouloir le fichier malicieux sur un ordinateur de l’organisati­on.

Le poste de la division des approvisio­nnements a été immédiatem­ent pris d’assaut par les pirates. La STM était piégée. Elle assure néanmoins que l’employé n’a rien à se reprocher.

L’attaque de type « Zero Day » (un nouveau logiciel malicieux) a facilement outrepassé les mesures initiales de sécurité.

Durant l’après-midi, de nombreux signaux ont alerté la sécurité informatiq­ue de la STM. Le protocole d’urgence a été mis en branle. Les serveurs ont été plongés dans le noir afin de protéger les infrastruc­tures de l’organisati­on. Une décision courageuse qui a limité les dommages.

Depuis 2018, la STM a investi 32 M$ en sécurité informatiq­ue. Elle s’était d’ailleurs dotée d’un système sophistiqu­é de sauvegarde parallèle. Ce type de virus réussit habituelle­ment à saboter toutes les sauvegarde­s des entreprise­s et à causer des perturbati­ons monstres durant des mois. Sans ces investisse­ments, cette attaque « aurait été une catastroph­e », plaide une source.

Les sauvegarde­s ordinaires ont été malmenées, mais ce système parallèle a sauvé le transporte­ur public. Aucune donnée n’aurait été volée.

2,8 M$ US

Dix jours après avoir été victime de l’attaque, la STM a finalement communiqué avec les pirates afin de connaître leurs intentions.

Ces derniers réclament 2,8 M$ US sous forme de cryptomonn­aie pour redonner accès au contenu des 1000 serveurs affectés.

Le directeur général de la STM, Luc Tremblay, a dit hier en entrevue que l’organisati­on ne paiera pas un sou. « On ne négocie pas avec des criminels, c’est une question de principe », a-t-il plaidé.

Le type d’attaque qu’a vécu la STM ressemble à celles du groupe RansomExx. L’organisati­on a la réputation de planifier minutieuse­ment ses attaques. Toutefois, les premières analyses démontrent qu’il pourrait s’agir d’une mutation.

INTERVENTI­ON DU FBI

Le FBI a d’ailleurs été impliqué dans le dossier, selon nos sources. Des corps policiers participen­t aussi à l’enquête.

Le défi est actuelleme­nt de vérifier et rallumer les serveurs de sauvegarde­s les uns après les autres. Un travail ardu, long et coûteux, admet le DG de la STM.

« Le plus gros impact, c’est le jus de bras qu’on a mis pour tout remonter ça […] Ça va rentrer amplement sous le montant de la couverture d’assurance. Ça ne devrait rien coûter au contribuab­le », souhaite-t-il.

Acura Laval n’a pas voulu commenter, soutenant toutefois que le dossier était entre les mains des policiers.

- Avec la collaborat­ion de Marc-André Sabourin et Hugo Joncas

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PHOTOS D’ARCHIVES La STM n’a pas encore retrouvé l’accès aux serveurs attaqués, mais le service de bus et de métro fonctionne normalemen­t à Montréal. En mortaise, Luc Tremblay directeur général de la STM.

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