57 % des musiciens pensent changer de carrière
Selon un sondage, 50 % d’entre eux composent avec des difficultés financières
Les temps sont durs pour les musiciens, qui figurent parmi les acteurs de l’industrie culturelle les plus touchés par la pandémie. Malgré les mesures financières annoncées pour la culture, bon nombre d’entre eux en arrachent au point de vouloir abandonner leur profession.
Selon un sondage de la Guilde des musiciens et musiciennes du Québec (GMMQ) effectué auprès de 755 de ses membres (elle en compte environ 3200), 50 % font face à des difficultés financières, tandis que 57 % songent à abandonner leur carrière à long terme. De ce nombre, 18 % d’entre eux l’envisagent fermement.
« Ce qui a fait vraiment mal, c’est la deuxième vague avec la deuxième interdiction d’ouvrir les salles, commente le directeur général de la Guilde, Luc Fortin, à l’autre bout du fil. Il y avait une reprise qui s’amorçait lentement et on espérait beaucoup de ça. On est redevenu comme au mois de mars, d’un coup. C’est très, très dur. »
Luc Fortin fera parvenir les résultats du sondage de la Guilde au ministère de la Culture et des Communications ainsi qu’à la Santé publique. Il souhaite que le gouvernement révise sa décision de fermer les salles pour que davantage de musiciens, dont le métier est précaire, se tiennent la tête hors de l’eau.
« Les salles de spectacles ne sont pas un lieu de contagion, martèle-t-il. On aurait très bien pu les garder ouvertes avec les mêmes mesures qu’on avait avant. Et ça permet aux gens de moins déprimer. On ne parle pas de grosses foules : 250 personnes, il y a très peu de salles qui pouvaient se permettre ça. »
D’ailleurs, 81 % des membres sonsont dés ne pas d’accord ou plus ou moins d’accord avec les restrictions imposées aux lieux culturels en zone rouge.
INSATISFAITS DES MESURES
En plus de dénoncer la fermeture des salles en zone rouge, Luc Fortin estime qu’une grande partie des musiciens ne verront pas la couleur des 450 millions $ annoncés par le gouvernement depuis juin.
« Les millions, c’est merveilleux, mais comment ça se fait que j’en ai 50 % en difficulté financière et 75 % sur la PCU ? » se questionne Luc Fortin.
« Les musiciens ont vu plein de mesures gouvernementales passer, mais ils ne les ont pas vues dans la réalité, dit-il. Ça, c’est une grosse déception. »
Les 50 millions $ annoncés le 2 octobre dernier et destinés aux arts de la scène semblent « plus prometteurs », convient Luc Fortin, mais « si les salles ne restent pas ouvertes, ça ne remplit pas son mandat ».
AIDE PSYCHOLOGIQUE
En attendant, le moral est au plus bas chez les musiciens.
Luc Fortin confirme que les demandes d’aide psychologique ont augmenté dans les derniers mois. N’ayant pas ses propres ressources par manque de moyens, la Guilde redirige les musiciens vers d’autres ressources de soutien. « Mais ils sont débordés », laisse-t-il tomber.
« On voit que les musiciens trouvent ça beaucoup plus difficile en ce moment, par les courriels et les appels qu’on reçoit. C’est parfois assez touchant. Il y a beaucoup d’anxiété. »