Legault votera contre son ministre
Éthique
Sévèrement blâmé hier pour avoir offert un accès privilégié à un ami lobbyiste, Pierre Fitzgibbon n’est pas au bout de ses peines : la commissaire à l’éthique mène une autre enquête sur lui. « En colère », François Legault juge que son ministre mérite une réprimande.
La commissaire à l’éthique Ariane Mignolet a présenté à l’Assemblée nationale le premier rapport d’une enquête amorcée il y a 18 mois à la suite de reportages de notre Bureau d’enquête et de plaintes de l’opposition.
Son investigation a porté sur les circonstances entourant la vente par le ministre de l’Économie de ses actions dans l’entreprise Move Protéine.
Après s’être penchée sur les liens entre les activités ministérielles de M. Fitzgibbon, la transaction, et ses amis, la commissaire recommande qu’il soit sanctionné d’une réprimande.
Me Mignolet constate que M. Fitzgibbon s’est retrouvé dans une position délicate face à son ami et lobbyiste Luc Laperrière, qui lui avait rendu service en lui achetant ses actions de Move Protéine dont il devait se départir.
La commissaire lui reproche notamment d’avoir ensuite permis à son ami de « communiquer directement avec [lui] afin d’organiser des rencontres professionnelles ».
Selon elle, cela « nuit au maintien de la confiance de la population envers les membres de l’Assemblée nationale ».
LEGAULT D’ACCORD
Le premier ministre François Legault a reconnu que son ministre avait mal agi. Il a également admis que les constats de la commissaire l’avaient mis « en colère ».
« Il n’aurait pas dû rencontrer son ami, a-t-il dit lors d’une conférence de presse. [...] Il y a un problème d’équité. »
M. Legault suggérera à ses députés de voter en faveur de la recommandation de réprimande de la commissaire, lorsque son rapport leur sera soumis.
Malgré ces premières conclusions, M. Fitzgibbon pourrait encore recevoir des critiques de la commissaire.
Son rapport présenté hier révèle qu’en examinant le dossier Move Protéine, elle a pris l’initiative de scinder sa démarche, en janvier 2020, et de faire une autre enquête.
« Un rapport distinct » portant sur « d’autres éléments » connexes sera présenté plus tard, a confirmé son cabinet hier.
IMPRUDENCE
M. Fitzgibbon a reconnu qu’il n’aurait pas dû rencontrer seul M. Laperrière dans le cadre de ses représentations comme lobbyiste.
« Peut-être qu’il y a eu imprudence, peutêtre que j’aurais dû avoir quelqu’un avec moi, a-t-il dit. Dire que j’ai manqué de jugement, j’ai objection à ça. »
M. Fitzgibbon demande à la population de lui maintenir sa confiance.
« Il n’y a eu aucune malversation, a-t-il dit. On est dans les apparences. »