Le Journal de Montreal

Des mois difficiles à venir

L’arrivée éventuelle d’un vaccin ne permettra pas un retour immédiat à la normale

- PATRICK BELLEROSE

Même si les arcs-en-ciel du printemps semblent déjà loin derrière nous, les Québécois doivent s’attendre à vivre encore plusieurs mois avec une pandémie qui sera compliquée par l’arrivée du temps froid.

Le changement de températur­e pourrait faciliter la propagatio­n de la COVID-19, a fait valoir le ministre de la Santé, Christian Dubé, en conférence de presse hier aux côtés du premier ministre François Legault.

Lors d’une discussion plus tôt cette semaine, son homologue français a établi un lien entre l’arrivée du froid et la dégradatio­n de la situation dans l’Hexagone.

D’une part, la distance de deux mètres est plus difficile à faire respecter à l’intérieur des domiciles que sur les terrasses ensoleillé­es.

Mais surtout, l’air chauffé, plus sec, permet une diffusion plus efficace du virus, a expliqué M. Dubé.

Les Québécois devront donc redoubler d’efforts pour respecter les mesures sanitaires. « Je pense que le mois de novembre est très important pour tester ce qui va se passer cet hiver », a-t-il fait valoir.

PAS AVANT L’ÉTÉ PROCHAIN

Des mois difficiles attendent donc les Québécois. Le retour complet à la normale, avec la fin de la pandémie, n’arrivera pas avant l’été prochain, estime le directeur national de santé publique, le Dr Horacio Arruda.

Comme son pendant américain, Anthony Faucci, il affirme que l’arrivée d’un vaccin – possibleme­nt en début d’année prochaine – nécessiter­a plusieurs mois avant de mettre le virus K.-O.

« C’est difficile de se projeter, mais il ne faut pas non plus se raconter [d’histoires], en pensant que tout va être fini en juin l’année prochaine », dit-il.

Alors que le Dr Faucci prévoit éradiquer le virus au début de l’année 2022 aux ÉtatsUnis, son homologue québécois est plus optimiste en raison d’un meilleur contrôle de la pandémie ici.

TENSIONS AU SALON BLEU

Pendant ce temps, la crise sanitaire qui s’étire crée des tensions au Salon bleu. Alors que les partis politiques faisaient front commun contre le virus au printemps, les échanges sont de plus en plus acrimonieu­x, particuliè­rement entre le premier ministre et la cheffe libérale, Dominique Anglade.

François Legault ne digère pas que sa rivale répète, jour après jour : « Nous avons été les pires lors de la première vague et nous sommes encore les pires, au Canada, pour la deuxième vague ».

De son côté, Mme Anglade estime que le premier ministre n’aime pas « être mis face à ses contradict­ions » sur sa gestion de la pandémie.

« Il faut que le gouverneme­nt soit capable de se remettre en question », fait valoir la cheffe libérale en entrevue.

Pour le politologu­e Éric Montigny, l’opposition doit « marcher sur un fil » afin de critiquer le gouverneme­nt sans encourager la désobéissa­nce civile, comme le gouverneme­nt Legault le lui a reproché cette semaine.

« Quand ils critiquent les programmes d’aide, il y a un espace, mais quand ça touche aux mesures sanitaires, là il y a un effet boomerang », dit le professeur de science politique de l’Université Laval.

PIRE À OTTAWA

Mais que les élus québécois se consolent : c’est pire à Ottawa. « Là-bas, le gouverneme­nt Trudeau a dû proroger la chambre, parce qu’il y avait encore plus de tensions entre les partis », rappelle M. Montigny.

De son côté, Dominique Anglade tend désormais la main au premier ministre Legault, afin de rédiger conjointem­ent « un plan pour la prochaine année ».

« Il y a des restaurate­urs qui ne savent pas ce qu’ils vont faire dans une semaine, dans quatre semaines, déplore-t-elle. Ils doivent faire des plans sans trop savoir sur quoi se baser. »

 ?? PHOTO STEVENS LEBLANC ?? « On le voit ce qui peut arriver si on perd le contrôle, surtout du côté des hospitalis­ations. En France, c’est presque dramatique », a fait valoir le premier ministre François Legault hier en conférence de presse. Il était entouré du directeur national de santé publique, Dr Horacio Arruda, et du ministre de la Santé, Christian Dubé.
PHOTO STEVENS LEBLANC « On le voit ce qui peut arriver si on perd le contrôle, surtout du côté des hospitalis­ations. En France, c’est presque dramatique », a fait valoir le premier ministre François Legault hier en conférence de presse. Il était entouré du directeur national de santé publique, Dr Horacio Arruda, et du ministre de la Santé, Christian Dubé.

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