Des mois difficiles à venir
L’arrivée éventuelle d’un vaccin ne permettra pas un retour immédiat à la normale
Même si les arcs-en-ciel du printemps semblent déjà loin derrière nous, les Québécois doivent s’attendre à vivre encore plusieurs mois avec une pandémie qui sera compliquée par l’arrivée du temps froid.
Le changement de température pourrait faciliter la propagation de la COVID-19, a fait valoir le ministre de la Santé, Christian Dubé, en conférence de presse hier aux côtés du premier ministre François Legault.
Lors d’une discussion plus tôt cette semaine, son homologue français a établi un lien entre l’arrivée du froid et la dégradation de la situation dans l’Hexagone.
D’une part, la distance de deux mètres est plus difficile à faire respecter à l’intérieur des domiciles que sur les terrasses ensoleillées.
Mais surtout, l’air chauffé, plus sec, permet une diffusion plus efficace du virus, a expliqué M. Dubé.
Les Québécois devront donc redoubler d’efforts pour respecter les mesures sanitaires. « Je pense que le mois de novembre est très important pour tester ce qui va se passer cet hiver », a-t-il fait valoir.
PAS AVANT L’ÉTÉ PROCHAIN
Des mois difficiles attendent donc les Québécois. Le retour complet à la normale, avec la fin de la pandémie, n’arrivera pas avant l’été prochain, estime le directeur national de santé publique, le Dr Horacio Arruda.
Comme son pendant américain, Anthony Faucci, il affirme que l’arrivée d’un vaccin – possiblement en début d’année prochaine – nécessitera plusieurs mois avant de mettre le virus K.-O.
« C’est difficile de se projeter, mais il ne faut pas non plus se raconter [d’histoires], en pensant que tout va être fini en juin l’année prochaine », dit-il.
Alors que le Dr Faucci prévoit éradiquer le virus au début de l’année 2022 aux ÉtatsUnis, son homologue québécois est plus optimiste en raison d’un meilleur contrôle de la pandémie ici.
TENSIONS AU SALON BLEU
Pendant ce temps, la crise sanitaire qui s’étire crée des tensions au Salon bleu. Alors que les partis politiques faisaient front commun contre le virus au printemps, les échanges sont de plus en plus acrimonieux, particulièrement entre le premier ministre et la cheffe libérale, Dominique Anglade.
François Legault ne digère pas que sa rivale répète, jour après jour : « Nous avons été les pires lors de la première vague et nous sommes encore les pires, au Canada, pour la deuxième vague ».
De son côté, Mme Anglade estime que le premier ministre n’aime pas « être mis face à ses contradictions » sur sa gestion de la pandémie.
« Il faut que le gouvernement soit capable de se remettre en question », fait valoir la cheffe libérale en entrevue.
Pour le politologue Éric Montigny, l’opposition doit « marcher sur un fil » afin de critiquer le gouvernement sans encourager la désobéissance civile, comme le gouvernement Legault le lui a reproché cette semaine.
« Quand ils critiquent les programmes d’aide, il y a un espace, mais quand ça touche aux mesures sanitaires, là il y a un effet boomerang », dit le professeur de science politique de l’Université Laval.
PIRE À OTTAWA
Mais que les élus québécois se consolent : c’est pire à Ottawa. « Là-bas, le gouvernement Trudeau a dû proroger la chambre, parce qu’il y avait encore plus de tensions entre les partis », rappelle M. Montigny.
De son côté, Dominique Anglade tend désormais la main au premier ministre Legault, afin de rédiger conjointement « un plan pour la prochaine année ».
« Il y a des restaurateurs qui ne savent pas ce qu’ils vont faire dans une semaine, dans quatre semaines, déplore-t-elle. Ils doivent faire des plans sans trop savoir sur quoi se baser. »